Atlas des oiseaux migrateurs et hivernants d'Aquitaine.
Par Andréas Guyot.
Répartition en hiver et écologie
Le Chevalier guignette est une espèce paléarctique (Voous 1960) et monotypique. S’il se reproduit très largement dans toute l’Europe, sous toutes les latitudes, du bassin méditerranéen au cercle polaire en passant par les îles britanniques, c’est un hivernant régulier en Aquitaine. Il fréquente surtout les eaux douces des vallées alluviales mais aussi les eaux saumâtres des marais et lacs arrière-littoraux. Pendant son hivernage, le Chevalier guignette est le plus souvent isolé ou en petits groupes lâches (Mahéo inYeatman-Berthelot & Jarry 1991). Ainsi, il est rare d’observer plus de 2 individus ensemble car chacun défend un linéaire de berge vis-à-vis de ses congénères (Norman 2008). Néanmoins, il peut arriver d’en apercevoir plusieurs sur un même plan d’eau, comme ces 38 individus au port du Rocher à la Teste-de-Buch (33) en janvier 2014 (Gabin in faune-aquitaine.org).
Les effectifs en hivernage ne semblent pas dépasser une centaine de guignettes sur l’ensemble de l’Aquitaine : entre 22 et 57 individus ont été dénombrés lors des comptages de mi-janvier de 2011 à 2017 (Wetlands). Bien que l’espèce soit observée tout au long de l’année sur différents sites tels le gave de Pau ou sur le lac de Castet (64), il n’est pas possible de lui conférer avec certitude, au regard des mouvements d’individus documentés au fils des mois, un statut de sédentaire strict. En hiver, l’espèce semble se répartir assez largement le long des cours d’eau et des plans d’eau de la région à l’exception des zones d’altitude. Au cours de la période considérée par l’atlas, seules 5 observations hivernales ont été réalisées au-delà de 300 m d’altitude, avec un record à 442 m sur la commune de Bielle (64) (faune-aquitaine. org). En hiver, le régime alimentaire du Chevalier guignette ne semble pas fondamentalement différent du restant de l’année : il prospecte le bord des eaux pour se nourrir principalement d’insectes terrestres et aquatiques ou de crustacés amphipodes capturés à la limite de lame d’eau (Norman 2008).
Migration
Le Chevalier guignette est un migrateur essentiellement nocturne. La migration postnuptiale intervient dès mi-juillet et s’achève fin septembre. Il faut attendre le pic de sa migration lors de la première quinzaine d’août pour voir ses effectifs augmenter nettement sur certains sites de halte migratoire, avec des regroupements pouvant atteindre une cinquantaine d’individus, comme sur la digue de Tarnos (40) en 2012, voire approcher la centaine d’oiseaux comme dans la réserve du marais d’Orx (40) ou à la réserve ornithologique du Teich (33) (faune-aquitaine.org). En halte migratoire, le Chevalier guignette est observé tant sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. Les milieux d’accueil préférentiels sont constitués par les berges limoneuses des fleuves et rivières, notamment dans la zone d’influence des marées comme le long de l’Adour, de l’estuaire de la Gironde et de la Dordogne, ainsi que sur le littoral (Bassin d’Arcachon). Depuis quelques décennies, la création de lacs collinaires et étangs d’irrigation semble avoir offert de nouveaux sites de halte migratoire. Lors de ses haltes migratoires, il évolue fréquemment en recherche alimentaire dans des habitats anthropisés : enrochement de berges, digues bétonnées des bassins ostréicoles, entre les palplanches et la berge naturelle dès que celle-ci s’érode etc. (Barande comm pers). La migration prénuptiale s’amorce en fin de la première décade de mars, culmine vers fin avril ou début mai et s’achève assez rapidement, vers la mi-mai (faune-aquitaine.org). Les informations délivrées par le baguage indiquent que la population régionale est renforcée en hiver par un contingent d’oiseaux provenant d’Europe du Nord (Scandinavie, Danemark, Benelux, Allemagne et Royaume-Uni. Quelques individus bagués en Aquitaine, sans que leur origine ne soit connue, ont quant à eux été contrôlés en péninsule ibérique (Dehorter & CRBPO 2019).
Tendances des populations et menaces
La population hivernant en France est estimée à plus de 1 000 individus pour la période 2010-2013 (Issa in Issa & Muller 2015). La tendance sur le long terme (1980-2017) est en forte augmentation avec un accroissement de 8,3% par an alors que la tendance à court terme (2007-2017) est à l’augmentation modérée avec un accroissement de 6,1% par an (Wetlands). Les tendances actuelles de l’espèce, ainsi que les observations de terrain ne laissent pas présager de menaces particulières tant en halte migratoire que lors de l’hivernage.
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