lundi 14 décembre 1992

Etude ornithologique et faunistique en vallée d'Aspe

Le 14 decembre 1992.

Je vous prie de recevoir notre étude sur la vallée d'Aspe et vous demande la plus grande attention pour sa lecture.


Avertissement


Afin de clarifier cette étude, je n'ai volontairement pas fait figurer les noms latins après les noms d'espèces, ceci, parce-que leurs noms sont suffisamment connus et qu'il n'y a pas de confusion entre elles.

Tout en gardant le plus possible un langage scientifique, j'ai aussi banni le plus souvent le vocabulaire hermétique.
La référence cartographique sont les cartes IGN 1546 et 1547 Ouest. 
Cette étude fait suite à celle réalisée au printemps dernier et rédigée le 14 mai 1991. 
En vous remercient, je vous adresse mes sentiments les meilleurs. 


Etat initial de l’avifaune et de la faune le long de la RN 134 en vallée d’Aspe.

J’ai d’abord voulu délimiter les secteurs d’étude en tenant compte des principales zones de nidification.

Secteur 1: Centrale électrique au viaduc d’Escot.

Dans cette zone il niche : des milans noirs, des buses variables, des bondrées apivores, des milans royaux. 
Tous ces oiseaux nichent sur l’ensemble du territoire français, dont l’influence est quasi nulle sur un dérangement dû au trafic routier.

Secteur 2 : Viaduc d’escot, croisement route de Lourdios D 241.

C’est à partir de ce secteur que niche les grands rapaces de montagne depuis ma précédente étude réalisée au printemps 1991, il n’y a aucune influence après les travaux.

A) Pène d'Escot: 
Un nouveau couple de vautour fauve a niché en 92, ce qui en fait 8, les travaux par explosion n'ont pas perturbé la colonie des 7 couples nicheurs en 90 et 91, les milans royaux y niche toujours ainsi que les milans noirs.

Bien que le vautour percnoptère soit très présent pendant la période de nidification, sa reproduction n'est pas toujours prouvée en ce qui concerne mon état de connaissance, car à la fois, M. Jacques Carlon de Pau et Michel Leconte du centre d'écologie montagnarde de Gabas devrait communiquer les observations de façon précise, alors que ce dernier a bénéficié des miennes. Ceci bien sûr dans le but d'être le plus juste possible. le prétexte invoqué est qu'il faut assurer la protection des oiseaux contre d'éventuels dérangements humain !...

B) Sarrance: Deuxième colonie de vautours fauves nicheurs.
la colonie est visible depuis la ligne droite entre le village et la station service, vers l'Est. les travaux d'amélioration de la RN 134 en 1989/1990 n'ont pas perturbé leur reproduction: Environ 5 couples sur Couratou. C'est à partir de ce site qu'a débuté la re-nidification des vautours le long de la RN 134.

Secteur 3: Croisement route de Lourdios D. 241-Bedous.

Dans ce secteur la nidification est par tache successive.
3) un couple sur la route de Gey, sur la droite avant le pont de l'escalieuse.
4) En face du départ de la route de Gey, 5 couples nichent dans les rochers calcaires du bois de Layens.
5) Dans le secteur "La Mousquère" sous le pylône, 10 couples nichent.

Explication : 
Puisque les travaux par explosion n'ont pas altéré la colonie d'Escot, puisque les autres travaux routiers sur Sarrance n'ont pas été dommageable pour la colonie de Sarrance sur le Couratou, je n'ai donc pas pris en compte les colonies du Biscacou sur Lourdios et celles des crêtes du Camlong dans le vallon de Gey, toutes deux situées bien au-delà de la RN 134. Il y a fort à penser que les secteurs de Layens et Mousquère sous Biscarce ne seront pas non plus altérés pour les futurs travaux d'élargissement. 

Les enseignements sur la nidification des vautours fauves le long de la N.240 en Espagne sous l'embalse de la Pena au niveau des falaises surplombant la nationale et jusqu'à 700 mètres en aval du barrage, me font dire: 
A - Qu'avec le trafic routier assez important pas camions.
B - Qu'avec l'âge de la colonie, connue depuis toujours.
C - De sa bonne santé de par sa diversité, il y niche à la fois : 
- Vautours fauves
- Vautours percnoptères
- Aigle royal
- Faucon pèlerin

Autres oiseaux observés régulièrement : 
- Hibou grand-duc
- Gypaète barbu
- Aigle de Boneli
- Circaète Jean le blanc

D) De la similitude de deux sites de reproduction au-dessus de la route.
Compte tenu de ces quatre facteurs, je ne vois pas en quoi la population des rapaces nicheurs souffrirait en vallée d'Aspe. 

Autres oiseaux nicheurs dans le secteur 3
Un couple de percnoptères et un maximum de 5 couples de milans royaux. 
la très saine population de corvidés de montagne, chocard à bec jaune et crave à bec rouge des Costes de Gey et du Mail d'Abérou, n'ont absolument rien à voir avec la RN 134.

Quelques autres oiseaux sont aussi présents pendant les périodes de forte neige  
- Gypaète barbu
- Tichodrome échelette.
C'est la recherche de nourriture qui les fait descendre, mais là encore, l'influence de la route est quasi nulle dans cette recherche puisque pas concernée
Au-delà des secteurs 2 et 3, il n'y a plus de vautours fauves nicheurs.

Secteur 4: Altitude 400 m, aval de Bedous, centrale du pont d'Esquit.
Dans ce secteur à densité plus urbaine, sur la plaine alluviale, aucune falaise ne permet la nidification de grands rapaces. Seuls, le rocher de la Vierge serait favorable, mais je n'y ai vu qu'une fois un faucon pèlerin en vol et un tichodrome échelette sur la paroi. Dans ce secteur, le percnoptère se nourrit sur la décharge de Bedous.

Secteur 5: Centrale du pont d'Esquit à Cette-Eygun.
Dans la première falaise en montant et à gauche, il y a eu longtemps un hibou grand-duc nicheur, à environ 15 mètres au-dessus de la chaussée. Ni en 90, 91 et 92, l'oiseau n'a été présent. Le site est-il déserté pour autant et pourquoi ? 
Dans la haute au-dessus de la carrière nichent des faucons crécerelles et des hirondelles de rocher.
Jusqu'à Cette-Eygun, je n'ai trouvé aucun grand rapace nicheur. 

Secteur 6: De Cette-Eygun, au pont de Cebers.
De l'intersection RN 134 - D 739, l'on peut voir au pied et à gauche de la falaise de droite, le site de nidification du percnoptère. 
Dans celle de gauche niche un couple de faucon pèlerin et un couple de grand-duc (J. Cedet). A partir de Borce, en montant dans le vallon de Belonce sur la face sud Pène d'Udapet, niche l'aigle royal. (J. Cedet). 

Explication:
Les sites de nidification des vautours percnoptères sont surprenants car ils sont souvent situés dans des sites très proches de possible dérangement, exp: 
A) au-dessus du pont du fort D 132 Arette la Mouline.
B) dans le dernier grand virage après le refuge de Bélagua C 137 col de la Pierre St-Martin Isaba à 5 mètres au-dessus de la route. 
C) Derrière le Castillo de Loarre, rocher du mur des remparts. Mallos des Riglos.
D) Rocher d'Agüero près de l'hotel.
E) Au-dessus de la RN 240, juste après le barrage de la pena.
F) En Vallée d'Aspe point 1088, secteur 8.

Pour trouver sa présence dans les sites, je visite les décharges publique, l'oiseau a aussi un comportement assez peu farouche, ma voiture me sert d'affût pour l'approche. 
Sur la décharge de Marseille à Entressen en Crau, l'oiseau à une adaptation surprenante au bruit et à la présence humaine.
En vallée d'Aspe, Me de Fontenay de Borce les fait venir dans son jardin pour les nourrir. 
Il semble que durant leur immaturité en Afrique, la confrontation avec la présence humaine sur les décharges les rende plus confiants. 
L'important pour eux, c'est la tranquillité des sites de nidification.

Secteur 7: Du pont de Cebers à Urdos.
Dans les falaises droites du défilé calcaire du Portalet nichent:
- Une colonie de craves à bec rouge.
- Quelques martinets blancs.
- Un couple de hibou grand-duc.
- Un couple de vautours percnoptères.
J'ai demandé à Mr Rose, maire de Borce, de prendre des mesures de protection afin de protéger leur nidification contre l'escalade ceci en date du 16 juillet 1991. 
Je peux aussi affirmer la nidification du couple de circaète jean blanc dans le bois derrière la falaise à droite dans le Baralet. 
Sous le chemin de la mature, j'ai observé le tichodrome échellette. Le faucon est nicheur depuis de nombreuses années dans ce secteur. 
Aucun de ces oiseaux ne risque d'être menacés par la destruction de leurs aires de nidification situées très haut dans cette falaise.

Secteur 8: D'Urdos au Forge d'Abel.
J'ai découvert un nouveau site de nidification de vautour percnoptère (témoin J.J Camara, Garcet-Lacoste, R. Rose) au point 1088 entre Bordenave et Sarrot du Mirail, lors de mes prospections en vallée d'Aspe. Cette falaise calcaire, située plein Sud, à gauche de la N 134. 
Sur la partie gauche de la 134 sur la falaise située plein Est, Il y a des indices de nidification d'un grand-duc. Derrière dans les falaises point 1319. Il y a des indices sur une ancienne aire d'aigle royal. Dans ce secteur niche un milan royal, tout ceci au Sud-Est du Sarrot du Mirail. 

Explication
Vous avez du remarqué qu'à chaque site de nidification correspond une falaise, elles sont surtout de type calcaire. En effet, les grands rapaces nichent surtout dans les falaises ; Les vautours fauves sur des vires, Les percnoptères dans des cavités. Les hiboux grand-duc en Aspe nichent dans des falaises, mais ils pourraient aussi nicher dans des granges.

Le seul couple de gypaète niche dans le fond du vallon d'Espélunguère dans une faille. Chaque vallée n'a qu'un couple, ce n'est que biologique et non lié à un facteur de conséquence. Contrairement à ce qui à été affirmé, celui-ci est bien loin du site, presqu'à 2,5 km du site du chantier et sans visualisation de celle-ci depuis l'aire de reproduction.

Explication
Actuellement en France, a lieu un programme de réintroduction dans les Alpes, chaîne des Aravis non loin de l'autoroute Genèvre-Chamonix. Je fais ce parallèle parce -que les Alpes ici, sont pris en exemple de ce qu'il ne faut pas faire, alors pourquoi des gypaètes barbus ?
Comme dans tous les massifs montagneux, les oiseaux de proies, tels que les aigles royaux, les gypaètes et les vautours fauves ne se nourrissent pas en fond de vallée. Voici l'état initial sur la nidification des grands rapaces.  

Les pics
Pour cet oiseaux, l'élargissement ne détruira pas de hétraies-sapinières, les quelques pics à dos blancs du bois de Lazarque, d'Espélunguère, d'Anglus, ne subiront pas de conséquence sur leur changement de biotope. 
Pour ce qui est du pic noir, l'espèce est en expansion partout, même sur le reste du territoire français. 

Les passereaux
Avifaune liée directement au gave d'Aspe: le cincle plongeur, la bergeronnette des ruisseaux.
- Le cincle plongeur: la particularité écologique et biologique de cet oiseaux de par son régime alimentaire est un indicateur de la qualité des eaux. De par son régime alimentaire, c'est un insectivore aquatique, il se nourrit exclusivement sous les eaux d'insectes à l'état de larve et plus particulièrement en Aspe; d'éphémères, phryganes, plécoptères, elles ont des noms plus usuels: les mouches de mai, les mouches de pierre. 
C'est pourquoi on peut considérer qu'un gave est très pur quand ces insectes y sont encore nombreux et c'est pour cela que le cincle est un indicateur précieux.

- La bergeronnette des ruisseaux, quant elle, se nourrit de ces mêmes insectes mais à l’état adulte du vol, elle est aussi moins représentative sur la qualité du milieu.

- Le martin-pêcheur, il est surtout présent dans le secteur 1, plus rare ensuite, ce qui est assez normal, sa principale exigence des berges abruptes, ce qui est assez normal. Là encore, je désire que l'on tienne compte de mon plan sur la réhabilitation du gave, afin de recréer les conditions pour que la faune et la flore retrouve un équilibre.

Pour les autres oiseaux, les changements n'apporteront pas spécialement des bouleversements si ce n'est l'accroissement de la vitesse qui est toujours un risque supplémentaire pour les merles, fauvettes etc... en traversant la chaussée, mais le problème est le même sur l'ensemble du territoire français voir européen, seul le retour à la charrette et aux vélos protégera les oiseaux et le milieu en général. 

Autres espèces animalesL'ours
ma connaissance sur lui, n'est due qu'a la lecture des uns et des autres, mes prospections ont toujours été guidées à la suite de ces mêmes lectures.
J'ai découvert que le train a été à l'origine de la mort de 9 ours dans le parc national des Abruzzes (Acta Biologica Montana page 73), Donc voiture et train, c'est comme pour les oiseaux, des risques majeurs pour leurs déplacements.
Ce qu'il en ressort en général, c'est que le gave est aussi un obstacle sérieux pour le franchissement de la Vallée. 

- L'ours a besoin de parties planes bordées de forêts pour traverser un fond de vallée. Sur le bruit des camions et la fréquentation invoquée, le livre de J.J. Camara nous montre comment un ours peut devenir familier, s'il y a absence de persécution à son égard. 
L'ouvrage de Claude Dendaletche "Acta Biologica Montana N°6, l'ours brun", présente iniquement les ours en Europe du Sud. 
Je me garderai de dire le fond de ma pensée sur l'authenticité de certains défenseurs de l'ours et sur la connaissance qu'ils en ont. Si l'ours n'existait pas pour leur combat contre le tunnel, quel serait l'autre animal invoqué ?

- Le desman
Ses exigences écologiques coïncident avec les zones à truites en moyenne altitude entre 300 et 1 200 mètres, mais principalement sur ses affluents, jusqu'à 2 500 mètres d'altitude. 
"Il y a aussi un autre facteur écologique d'importance : la répartition de l'espèce coïncide aussi avec l'extension des zones de plus forte précipitation et dans une mesure moins exacte, avec celle des forêts de feuillus" (Richard 1986, page 70).

J'ai pu obtenir un témoignage direct en vallée d'Aspe par le responsable de la pisciculture de Lées-Athas qui gère l'hydrobiologie continentale de L'I.N.R.A. il a observé deux couples sur son domaine. Ils sont cantonnés au milieu, ceci est confirmé par les recherches de (Richard 1986).
Il m'a confirmé aussi la faune aquatique des gammares, des trichoptères, des éphémeroptères, des plécoptères, des simulies.
Le desman fréquente surtout les affluents du gave d'Aspe, là où les rochers sont recouverts de mousse. Le témoignage de cette personne sera à prendre en compte pour la conclusion de l'étude d'impact car il s'agit d'un professionnel non enclin à des luttes d'influence.

- Les tritons:
Le plus connu est celui des Pyrénées, plus communément appelé Euprocte, une francisation de son nom latin Euproctus asper. Les deux autres tritons sont protégés, le palmé et le marbré, pour ce dernier, il manque en altitude, il est plus ou moins absent des Pyrénées.
Le triton des Pyrénées est un endémique, il vit surtout en altitude à moins de 1 000 mètres il devient rare (Nicol 1990 p.63). L'auteur indique que l'espèce semble être présente dans chaque torrent autour du col du Somport (p. 74), mais dès que celui-ci perd de l'altitude, le triton devient rare, il faut que la pente demeure importante (p. 53 et 54).

Des forges d'Abel au pont d'Esquit, les eaux sont canalisées, un débit réservé reste libre. A la lecture du livre "l'Euprocte des Pyrénées", le milieu ne correspond pas pour ce triton, il est donc peu vraisemblable que l'aménagement perturbe l'espèce. L'auteur m'a confirmé que ce triton vit surtout dans les petits ruisseaux et qu'il n'aime guère les grands, à l'image du gave d'Aspe où s'il s'y trouve, il reste au bord des affluents directs. Le triton a un lien direct de fréquentation avec le milieu des desmans dont c'est à peu près le même régime alimentaire (Nicol 1990 p. 139-143.
Néanmoins dans la pisciculture de l'INRA, ce triton est régulier au printemps, les eaux de cette pisciculture viennent d'une résurgence située juste au-dessus. 

- La loutre
Aucun indice n'a été relevé dans cette partie du gave d'Aspe, je crains le pire pour cette espèce qui a été victime du manque d'instruction de l'espèce humaine. La loutre n'est pas nuisible, elle est utile et pourrait très bien vivre en vallée sans aucun problème, puisqu'elle vit dans le Nord de L'Aquitaine. 

- Poisson
L'argument qui consiste à dire qu'ils seront menacés relève de la pantalonnade. les introductions massives de truites, ombres et ombles chevaliers ne font que créer un déséquilibre par une population artificielle des cours d'eau et lacs? c'est aussi une menace supplémentaire au milieu car ce sont des poissons prédateurs. L'omble chevalier ne se trouve que dans les lacs de haute montagne. Au niveau du gave d'Aspe, il ne s'y trouve que des truites Fario, quelques Arc-en-ciel et des ombres que l'on ne trouve qu'au printemps.

Effet positif sur l'avifaune
La solution du tunnel est positive pour plusieurs espèces. L'hivernage du grand tétras, car cette espèce trouve refuge dans le bois du Sanssanet et d'Anglus. Le lagopède alpin, cette espèce est présente dans les secteurs Peyrenère et versant Sud d'Arnousse ainsi que la perdrix grise. Ces trois gallinacés profiteront de l'avantage de ce que le trafic routier se fera par tunnel d'autant plus que son passage sera gratuit, toute la partie du parc national se trouvera de la sorte moins fréquentée. 
Car plus on monte en altitude, plus la flore a un lent développement et plus l'impact néfaste a des conséquences graves. Ceci est très bien expliqué dans le livre "La vie en montagne", (Fischesser 1982). Il est donc bénéfique que l'essentiel du trafic passe sous le tunnel, c'est réellement une solution écologique comme le dit le rapport du C.I.A.P.P.

Les effets indirects sur l'environnement:
L'élargissement de la RN 134 dans les secteurs déjà aménagés n'ont pas eu de conséquence désastreuse visibles, en particulier sue l'avifaune. Puisqu'encore le dynamitage du verrou calcaire n'a pas perturbé les vautours fauve, cette faune peut en partie se déplacer, or il n'y a eu aucun déplacement, ceci doit avoir valeur d'exemple sur la nouvelle enquête publique.

Le bruit n'a aucune conséquence pour les oiseaux puisque ceux-ci savent faire la différence des bruits. A la fois sur le camp militaire de captieux pour les grues cendrées, et sur celui du camp de Ger pour les courlis cendrés, les oiseaux ne sont pas sensibles au tir de mortier et de canon, alors qu'ils le sont lorsqu'un chasseur tir au fusil. J'ai pu vérifier ce phénomène au Crau avec les avions à réaction de l'armée, pourtant très bruyant. Je l'ai encore vérifié sur la colonie sous l'embalse de la Pena N 240.

La pollution atmosphérique:
Celle-ci est mesurable sur un milieu naturel, avec l'étude des lichens en effectuent un point zéro. On peut de la sorte, mesurer sur plusieurs secteurs l'état des pollutions. 
Quelle est l'influence de la pollution atmosphérique sue l'avifaune, je n'ai personnellement rien lu de la sorte. il est vrai que vu la mobilité de cette faune avienne, cela est difficilement mesurable.

La pollution par résidus d'hydrocarbure et gomme:
Il existera fatalement une relative pollution de résidu d'hydrocarbure et gomme par lavage de la chaussée suite aux pluies. Quels en seront l'apport ? A t-on mesuré aujourd'hui les degrés des éléments polluants ? Quelle est la qualité des eaux du gave ? Néanmoins, le cincle plongeur est présent sur tout le gave. Sa présence est hautement significative sur la qualité des eaux et du biotope (Guigo 1991 p. 111). 
La présence du chevalier guignette et de la bergeronnette des ruisseaux est moins significative car moins écologiquement. 
La loutre serait un autre indicateur de l'excellente santé du milieu mais son absence est dû à d'autres raisons.

Protection de l'environnement écologique et socio-économique
Actuellement ce projet de passage, de par son coté modeste n’entraînera pas de bouleversement écologique dans la vallée. 
Il entraînera uniquement des changements d'habitudes, circulation plus importante et gênante, la vallée y perdra en convivialité.
Tant que la réalisation restera à ce niveau, la viabilité des écosystèmes persistera. Il ne faudrait pas que dans le futur, nos hommes publics parce-qu'ils n'ont pas pu atteindre l'objectif fixé, ne se lancent vers un nouvel aménagement routier plus grandiose qui là, aura sûrement des conséquences en chaîne sur l'environnement.
Il faut prendre les moyens pour préserver et assurer la pérennité de l'environnement de la vallée.
Il faut des garanties car l'on s'habitue à vivre avec une nouvelle gêne, les aspois vont s'y accoutumer aussi bien que nous dans nos villes, ainsi de suite et jusqu'où ? Ce que nous, on accepte, ce à quoi l'on s'adapte, il faut penser que la nature a des tolérances beaucoup moins souples, elle disparaît. 
Une des garanties serait de prendre des mesures pour que le flux en fond de vallée ne monte pas dans les versants.
Il y a déjà eu des changements dans la faune, telle la disparition de la loutre par exemple pour d'autres raisons, mais elle a disparue ! Jusqu'où peut aller la compétitivité en zone de montagne ? toute la question est là ! 
A un certain stade il y a une irréversibilité sur la faune et la flore. Le problème ne vient pas du nombre d'habitant, mais des moyens engagés pour faire vivre ce nombre, à la même vitesse qu'en plaine et de plus en plus vite pour être tout aussi performant et compétitif qu'en ville, car il n'y a pas de disparité, et tout le problème vient de là.

Ce problème est un problème de fond:
Comment permettre aux habitants des vallées de vivre aussi bien que ceux des villes sans mettre leur écosystème en jeux ? 
La vallée s'est déjà dépeuplée suite à la guerre de 14-18 par la disparition des hommes. Aujourd'hui, c'est le manque de travail et d'investissement qui fait que les jeunes la quitte, et plus particulièrement les femmes. 
La route avec son tunnel ne sera pas la solution en soit, elle y contribuera certes, mais il faudra en plus, revoir l'habitat et les structures d'accueil. 
Pour retenir les gens, voir les faire venir, il faut donc un accueil complet. Pour cela, c'est toute une synergie qui devra être mise en pratique pour arriver à faire vivre la vallée. Etant d'origine paysanne, je voudrais dire cela: à l'époque de mes parents, c'était le moins doué qui reprenait la ferme, maintenant cela est bien fini. Ce que je veux dire, c'est qu'il faudra retenir les meilleurs d'entre nous.
C'est aussi une garantie pour ne pas se lancer dans des programmes d'urbanisation en hauteur pour du tourisme d'accueil aléatoire.
Sans négliger le tourisme, il faut garantir une certaine "autarcie" dans le bon sens du terme.
Je connais bien le problème des îles en Bretagne, plus particulièrement Ouessant. Pour y retenir la population, il a été créé des collèges qui gardent les jeunes jusqu'en seconde. Sur Ouessant, ils sont 17 élèves de la sixième à la seconde, alors qu'en vallée on ferme des écoles primaires.
Une île est comme une zone de montagne, il faut une disparité par rapport à la plaine. Ne voir que l'aménagement routier sans voir la réalité socio-économique, équivaut à mettre la charrue avant les bœufs. 
Je demande que l'étude d'impact examine aussi cela, car la faune et la flore n'aime pas la solitude. Aujourd'hui 80% de la population vit sur 20% du territoire, pour les années à venir, il est prévu 90% sur 10%.
Autre point important, c'est d'informer les transitaires qu'en zone centrale de montagne, pour des raisons écologiques, il n'y a pas d'autoroute et leur demander un respect particulier de l'environnement et de réduire leur vitesse, ceci par une signalisation routière.

Raison pour lesquelles le projet doit être retenu.
Les effets et la lecture de la loi du 10 juillet 1976 - Article 1.
Il y a préservation des espèces animales (pour les végétales, je ne suis pas compétent). Le maintien des équilibres biologiques auxquels les espèces animales participent, est respecté. Pour la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent, sont d'intérêt général. Là aussi, aucune ressource naturelle ne subira de dégradation.  

Les effets et la lecture de la Directive 79/409 du 2 avril 79.
- Le paragraphe 1 et 2 de l'article 1
- Tout l'article 2
- A l'égard des points A, B, C, D, de l'article 4
- A l'égard du point D de l'article 5
- Le paragraphe 1 de l'article 10.
Compte-tenu de la lecture de ces différents aspects, les aménagements engagés sont conformes puisque dans le secteur 2, à a hauteur des fontaines d'Escot, les travaux n'ont pas altéré la nidification des vautours fauves et qu'en vallée d'Ossau, la construction d'un paravalanche sous une aire d'aigle royal, n'a pas non plus dérangé sa reproduction et sa nidification, cela depuis 1988 à Estremère. En tenant compte que l'aigle royal en vallée d'Aspe niche dans un secteur absolument pas exposé puisque situé en vallée de Belonce (secteur de Borce).
Compte-tenu que dans les Alpes française, la réintroduction du gypaète a lieu dans un massif bordé par une autoroute Genève-Chamonix alors qu'en Aspe l'impact est bien en deçà. 
Avec tous ces éléments, je demande que la prise en compte des impacts et des scenarii proposés soient retenus pour le choix final. 
Les lois du 24 avril 1979 sur les amphibiens et reptiles et celle des mammifères du 17 avril 1981 relative aux articles 3 et 4 de la loi du 10 juillet 1976, n'ont pas d'incompatibilité avec les aménagements en vallée d'Aspe, de par la répartition des espèces concernées.  

Mesures compensatoires
Dans les parties où le gave a été détourné et empierré après modification de son cours, je désire que soit pris en compte mon plan de réhabilitation du gave. Ce plan permettra de retrouver un état initial tant pour la faune que pour la flore. 
La connaissance des rapaces est telle et les dispositions de la directive 79-409 dans son article 3 paragraphe D, permet la création de biotopes.
En conséquence, je demande que soit créés des aires de nidification supplémentaire à celles existantes afin d'aider les rapaces. Ces aires devront être de type cavernicole afin que les espèces et principalement 
- le hibou grand-duc,
- le gypaète barbu,
- le percnoptère d'Egypte,
- le faucon pèlerin.
Puissent avoir la possibilité d'étendre leurs zones de nidification. La création de nouvelles aires de nidification pourront être prises en charge pas les A.C.N.A.T. crédit européen. 
- A, je souhaite qu'une de ces aires se trouve sur le Billare, cirque de Lescun, dont l'orientation idéale est située dans un biotope assez particulier.
- B, dans la falaise de Etsaut dans le secteur Escale jusqu'au point 1121 mètres. Elle est située plein Sud dans un secteur très favorable.
- C, dans la haute falaise située à gauche et au-dessus de la carrière, à la sortie du verrou calcaire du pont d'Esquit.
Si ces trois falaises avaient des cavités de taille suffisantes, elles seraient incontestablement habitées, ceci de part orientation et les biotopes qu'elles couvrent.
D'autres mesures compensatoires existent comme: 
- Les passages à batraciens encore que là, il faut une étude assez sérieuse sur ces passages, il ne suffit pas de les implanter pour créer le besoin.
- Un bras d'eau me semble nécessaire pour créer une mini-zone de saligue dans la plaine de Bedous. Celles-ci sont des mesures en faveur de la faune et de la flore.
Pour les compensations d'ordre socio-économique, il me semble que le Sivom d'Accous est plus en mesure de faire des propositions. Néanmoins, nous demandons l'étude de zones de protection spéciale, à la fois pour la faune et la flore et la survie du pastoralisme. Regardez vivre les oiseaux demande à faire partie de cette commission. 

Conclusion
Comment voir le problème de la globalité de l'aménagement. En ce qui concerne les espèces d'oiseaux, la globalité doit tenir compte de l'habitat. Les vautours fauves nichent uniquement dans les secteurs 2 et 3. Pour leur recherche de nourriture, d'octobre à mars, elle se fait en vallée d'Ossau sur une aire artificielle, ensuite dans les alpages. 
Quelle globalité prendre, d'où à où ? Le problème est le même pour le percnoptère qui lui, va du secteur 1 à 8 et est extrêmement rare en plaine et jamais sur Oloron. 
Comment faire entrer un biotope comme la forêt d'Issaux dans le cadre de la RN 134. Où la globalité aurait un effet positif, c'est lorsqu'il n'y a pas franchissement du col du Somport pour les gallinacés, car ils sont directement concernés. 
Pour les affluents du gave d'Aspe en amont de la route, y'a-t-il globalité ? comment en amont, un desman ou un triton peut-il subir des dérangement ou nuisances ?
On peut attribuer une globalité pour les truites fario puisqu'en aval de la route. 
La globalité et l'habitat sont intimement liés. Doit-on additionner et soustraire dans la globalité des habitats et des biotopes différents avec les espèces ?
Comment additionner ce qui est négatif et comment soustraire ce qui est positif, car ce sera le cas. qu'est-ce qui sera globalement positif ou négatif ?
- Entre les effets positifs sur les gallinacés.
- Entre les effets négatifs sur les pollutions;
ou ne devrait-on compter uniquement que les effets négatifs, c'est ce que je redoute d'ailleurs. 
Quelles sont les espèces concernées et par quelle loi ? Celles du 10 juillet 1976 qui est française ou celle du 2 avril 1979 qui est européenne et dans quelles annexes ?
Dans les deux cas, il y a aura toujours moyen de trouver "la petite bête" Pour ce qui est de mon étude, tous les sites sont véritablement sur place, tous les endroits sont rigoureusement exacts car j'ai donné la localisation précise. 

Bibliographie principale

- Dajoz, 1985., Précis d'écologie, Dunod université 505 p. Bordas Paris.
- Guido et al, 1991., Gestion de l'environnement et étude d'impact 231p. - Masson Géographie. 
- Journal Officiel de la république française, 1990., protection de la faune et de la flore tome 1 "1454" 391p. 
- Lacroix, 1991., Lacs et rivières, milieu vivants, Ecoguide 255p. Bordas Paris.
- Blauscheck, 1992., Randonnées au bord de l'eau, observer, identifier, connaître 129p. Bordas Paris.
- Dendaletche, 1986., l'ours brun Pyrénées, Abruzzes, Mont Cantabrique, Alpes du Tretin, Acta Biologica Montana 6, 236p Pau. 
- Richard B, 1986., Le desman des Pyrénées. Science et découverte 112p le Rocher Monaco.
- Nicol, 1990., L'euprocte des Pyrénées, 171p. Marrinpouey Pau.
- Fischesser, 1982., La vie en montagne, 255p. Chêne Hachette. Paris. 
- Dejoughe, 1984., Les oiseaux de montagne, 310p. Point Vétérinaire. Maison-Alfort.
- Dendaletche, 1988., Grands rapaces et corvidés des montagnes d'Europe. Acta Biologica montana 8. 189p. Pau.
- Duruelle, 1983., Lichens témoins de la pollution. 108p. Vuibert Paris. 

Plus de nombreux autres livres dont il serait trop fastidieux de donner la liste ayant plus de 400 ouvrages dans ma bibliothèque. 

mercredi 28 octobre 1992

La nidification du héron cendré (Ardea cinerea) sur le lac d'Artix.

Cette espèce niche sur le lac de façon certaine depuis 1989 avec trois couples (Guyot 89) bien que des indices le laissaient supposer, tel le 15 et le 22 mars 1986, un adulte était vu transportant une branche. Le 22 mai, un immature de faible taille était observé.

En 1990, dès le 21 janvier des adultes étaient déjà sur les nids, dès le 4 mai, je notais les premiers volants. Il y a eu à la première couvée, 13 nids occupés, quelques couples ont assuré une seconde reproduction, combien ?

Pour l'année 1991, la première couvée a été suivie sur 17 couples, là encore, il n'est pas très facile de suivre les couples qui recommence une seconde nichée alors que la première a parfaitement réussi.

En 1992, il y a eu 35 couples installé, la colonie s'est étendu sur un saule. l'habitude du site m'a permis de compter 15 couples pour la seconde nidification.

Actuellement, il me semble qu'un seul et unique site en Béarn permet la nidification des hérons cendrées. Peut-être parce-qu'ils sont sensibles aux dérangement surtout pendant cette période. Néanmoins, c'est le grand retour du héron cendré en Béarn. Jadis il était observé le long du gave de Pau, aujourd'hui, même les petits cours d'eau du nord du département ont sa visite régulière. 

Il n'est pas rare non plus de le rencontrer sur le gave d'Ossau à la hauteur de Laruns. Il est devenu régulier sur le lac de Castet, la tranquillité du site pourrait d'ailleurs permettre sa nidification dans la zone de saligue. 

Le héron cendré a une exigence particulière pour nidifier, il faut impérativement que les sites ne soient pas dérangés par une pénétration humaine, ceci est valable pour tous les oiseaux qui nichent sur le lac d'Artix et c'est de là que vient la richesse sur ce site. 

Dernières nouvelles: 
Le couple de héron crabier a produit cette année trois jeunes à l'envol.
Prochainement, les résultats de la nidification et l'hivernage de l'aigrette garzette depuis la création du plan d'eau. 

Bibliographie : 

Guyot Andréas (1989), Les oiseaux du lac d'Artix 5 années d'observation, M.J.C. du Laü, 99 pages. 

La Bergeronnette, 12:18-19. (1992) 4e trimestre.

dimanche 23 août 1992

Observation d'une aire d'aigle royal (Aquila chrysaetos) dans les Pyrénées.

Le 26 mai 1989 en vallée d'Ossau, j'ai observé un aigle royal et son jeune aiglon, âgé d'environ dix jours sur leur aire, en voici le détail :

7 h à 8h30, l'adulte est sur l'aire avec l'aiglon, rien ne se passe de particulier.
8h30, il vole vers un sapin, une fois posé il fiente et se fait la toilette.
8h45, il retourne à l'aire.
8h46 à 8h53, il se nourrit lui-même.
9h à 9h55, tous les deux se reposent sur l'aire.
9h57, rangement des branches sur l'aire par l'adulte puis il s'envole sur le même sapin. 
Il s'ébouriffe, lâche une fiente, s'étend les ailes, ce pose sur une patte.
10h03, il change de sens sur la même branche, se nettoie les plumes du cou, de la tête par frottement sur le dos.
10h10, il change de sapin.
10h12, il s'envole sur l'aire puis disparait.
11h20, il retourne sur l'aire sans proie.

Pendant toute son absence de l'aire le jeune aiglon est resté calme et paisible.

12h, j'arrête l'observation. 

J'ai réalisé d'autres observations en après-midi, mais sans nourrissage, est-ce une règle en général ? 
Dans les apports des proies par les adultes, je n'ai reconnu qu'un long reptile, c'était sûrement une couleuvre, cela le matin du 18 juin. 

Le 20 juin dans l'après-midi, une proie assez grosse a été grosse a été transportée au nid. Dans les deux cas, les proies n'ont pas été mangées de suite. De mes observations, c'est surtout le matin où l'activité est la plus intence. c'est d'ailleurs le matin du 1er août que le jeune pris son envol. 

Il manque une tranche horaire précieuse de ces quelques observations, c'est du lever du jour à 7h du matin. 
Les adultes ont été très souvent pris à partie par les faucons crécerelles et les chocards à bec jaune. ceux-ci nichaient dans la même falaise. 

Bibliographie:

Michel clouet. (1981), L'aigle royal dans les Pyrénées françaises, résultat de cinq ans d'observation, ORFO volume 51 N°2.

Dejonghe J.F. (1984). les oiseaux de montagne. Point vétérinaire.

Ménatory Gérad. (1976), l'aigle royal. Atlas vusuel N°4. (1972) édition stock.

Suetens Wlly. (1989), Les rapaces d'Europe. édition Perron. 

Andréas Guyot. 
La Bergeronnette: 11:8-9 (1992) 3e trimestre. 

jeudi 20 août 1992

Distribution de l'hivernage du cincle plongeur (Cinclus cinclus) sur le gave de Pau.

Bien que sédentaire, le cincle plongeur effectue des déplacements post-nuptiaux et hivernant en aval sur le gave de Pau, sa présence régulière semblait se limiter au niveau du pont d'Espagne de cette ville.
Mes visites très fréquentes sur le gave ne m'avaient pas permis de l'observer avant le 7 décembre 1991 sous le barrage de la retenue d'Artix. 
(L'étude phénologique et variations numériques de l'avifaune du lac d'Artix). Harle et Bail, 1978, ne mentionne pas non plus l'oiseau. Il semble donc qu'il s'agirait de la première observation connue. 
Puisque ni Boutet & Petit 1987, ni Yeatman & Berthelot 1991, ne signale l'espèce. 
L'hivernage du cincle plongeur évolue donc sur les cartes 45 XV, et XVI ainsi que 44 XV. 
L'information sera envoyée à son coordinateur national Gilbert Marzolin. 

Souvent appelé merle d'eau ou aigarola, selon Beibeder F. (1986) Les noms gascons des oiseaux sauvages, Per Noste. Pau.

Andréas Guyot. 
La Bergeronnette : 11:4 (1992) 3e trimestre.  

samedi 15 août 1992

Y'a t-il stockage de proies par l'adulte afin de nourrir l'aiglon.(Aquila chrysaetos)

Le 30 Juin 1991, l'aiglon a environ deux mois, il est vigoureux, se nourrit seul, à 17h35, un adulte vient à l'aire et repart aussitôt en emportant une patte d'ongulé qu'il laisse tomber dans le vide, puis comme à son habitude, contourne la paroi pour disparaître derrière. 
17h36, l'aigle réapparaît avec de la nourriture dans les serres, aussitôt l'aiglon se nourrit, l'adulte a dejà disparu derrière la paroi.
17h40, l'adulte cette fois-ci, apporte une branche de feuillus sur l'aire puis repart avec un autre patte d'ongulé pour à nouveau la laisser tomber dans le vide.
L'aiglon se nourrit toujours et cela pendant plusieurs minutes, la scène se passe en vallée d'Ossau.

Analyse: Il semblerait que les adultes d'aigles royaux stockent de la nourriture derrière la paroi, car il est invraisemblable qu'ils puissent mettre une minute pour chasser et capturer une proie. 
L'autre élément frappant est sans aucun doute "l'intelligence" de débarrasser l'aire avant d'y apporter une alimentation plus fraîche. 
J'étais en observation depuis 14h et il ne s'était rien passé avant. l'attitude serait donc délibérée et réfléchie s'il n'y a pas réutilisation des deux pattes d'ongulé. l'approt d'une branche de feuillus sur l'aire est plus classique et souvent noté dans la bibliographie existante précitée. 

Bibliographie
Austruy J.C. & Cugnasse J.M. (1981), l'aigle royal (Aquila chrysaetos) dans le Massif central, Nos oiseaux 36:133-142.

Clouet michel (1981), l'aigle royal (Aquila chrysaetos) dans les pyrénées françaises, ORFO: V 51:98-100.

Framarin Francesco (1982), Enquête sur l'aigle royal (Aquila chrysaetos) dans le parc national du grand paradis, Nos Oiseaux 36:263-273.

Gensbol Benny. (1986) Guide des rapaces diurnes, Delachaux et Niestlé, Neuchatel. 

Géroudet Paul. (1965) Les rapaces diurnes et nocturnes d'Europe, Delachaux et Niestlé, Neuchatel, Paris.

Ménatoty Gérard (1976) L'aigle royal, Atlas visuel, Payot Lausanne.

Ménatory Gérard (1972) L'aigle royal, livre nature, stock Paris.

Suetens Willy (1989) Les rapaces dEurope Perron Liège.

Dejonghe J.F. (1984) Les oiseaux de montagne édition du point vétérinaire Maison-Alfort.

Jacquemard Simone (1984) Les derniers rapaces, livre nature Stock Paris.

Dendaletche  Claude (1988) Grands rapaces et corvidés des montagnes d'Europe, Acta Biologica Montana 8, Pau.

Brehm A.E. (1878) l'homme et les animaux, les oiseaux, Bailliere et fils Paris.

Andréas Guyot.
La Bergeronnette : 11:15-16. (1992) 3e trimestre.

samedi 1 août 1992

Deux cas de nidification arboricole du héron pourpré (Ardea purpurea) dans la héronnière du lac d'Artix.

Le cas est suffisamment peu courant pour être cité, car le héron pourpré niche habituellement dans les phragmitaies.
Bien que la présence de l'oiseau soit connue dans cette héronnière depuis 1982, (carte 44 XV), ce n'est que le 30 mai 1992 que j'ai pu observé deux nids avec leurs couveurs. Le premier à deux mètres du sol, le second à 2,50 m, les deux étant dans le même saule.

Cette héronnière est régulièrement occupée par cinq espèces de hérons: Bihoreau gris, héron cendré, aigrette garzette, carbier chevelu, héron pourpré. Dans ce massif de saule très compact et guère plus haut que 4 m, la colonie est dense, les deux couples de héron pourpré sont parmi les autres, l'unique différence est que leur nid est plus volumineux que ceux quasi identiques des bihoreaux, garzette, crabier. 

Seul le héron cendré est absent, car il niche plus haut, das les grands saules à proximité. Le Lac d'Artix ne possède pas de phragmitaue, mais une saulaie-aulnaie. Si l'oiseau n'a donc que cette possibilité ici, ce type de nidification n'est pas unique, il a été cité dans la bibliographie. 

Bibliographie

Boutet J.Y., Petit P. (1987) Atlas des oiseaux nicheurs d'Aquitaine. C.R.O.A.P. Bordeaux.

Géroudet Paul. (1978) Grands échassiers, gallinacés, râles d'Europe. Delachaux et Niestlé. 

Hanccok j., Kushlan J. (1989) guide des Hérons du monde. Delachaux et Niestlé. Neuchâtel. 

Groupe d'étude Ardeidés/Cigogne du C.R.O.A.P. animé par P Grisser, que je remercie pour son aide.

Guyot Andréas (1989) les oiseaux du lac d'Artix, 5 années d'observation, MJC du Laü Pau. 

Andréas Guyot
La Bergeronnette: 11:18-19. (1992) 3e trimestre.

jeudi 30 juillet 1992

Tentative de capture d'un jeune isard (Rupicapra rupicapra pyrenaica) par un juvénile d'aigle royal (Aquila chrysaetos).

Le 24 avril 1991 sur les falaises sud d'Espélunguère, j'ai eu la surprise d'observer une attaque d'aigle royal immature sur un très jeune isard, l'aigle royal était en piqué vers sa proie et au tout dernier moment, l'isard adulte, sûrement la femelle, s'est dirigée tête en avant campée sur ses pattes arrières. Le Jeune s'est blotti sur place, l'aigle a juste le temps, par je ne sais quel sursaut, d'éviter la riposte de la femelle d'isard.
Il a ensuite continué sa quête le long de la paroie.

Andréas Guyot
La Bergeronnette: 11:17 (1992) 3e trimestre.

mardi 14 juillet 1992

Première observation d'un aigle royal (Aquila chrysaetos) sur le pateau de Ger à 450 m.

Lors d'une prospection sur la nidification des courlis cendrés dans la landes de Ger, nous observâmes un aigle royal avec un plumage juvénile de première ou deuxième année.

L'oiseau a été vraisemblablement dérangé par l'envol d'un avion gros porteur à basse altitude de l'aéroport international d'Ossun entre Tarbes et Lourdes.

Nous avons pu suivre l'oiseau un long moment, celui-ci s'est dirigé vers les versants du piémont Pyrénéen. Incontestablement l'aigle était posé dans la Lande, mais où ?

Nous communiquâmes donc notre observation à Philippe Desaulnay qui suit la lande depuis 20 ans. Aucune autre observation à sa connaissance n'avait été observée dans la lande de Ger. 

Andréas Guyot
La Bergeronnette: 11:14, (1992) 3e trimestre. 

samedi 6 juin 1992

Hivernage du bécasseau violet (Calidris maritima) sur le littoral Landais à Capbreton.

Le littoral Landais (carte 43 XII) est composé d'une bande dunaire sur toute la façade atlantique. Les enrochements en épis, les blockhaus, ainsi que la jetée portuaire, constituent un milieu favorable pour le bécasseau violet sur le littoral de Capbreton.

Nous avons pu suivre l'hivernage complet d'au moins 5 individus sur cet ensemble. L'atlas des oiseaux d'hiver en France ne faisant pas état de cet hivernage, il nous a paru intéressant de signaler la cas d'autant plus que la bibliographie régionale ne signale pas non plus cet hivernage.

L'espèce est régulièrement observée sue la digue de Tarnos située à 15 km avec environ 12 individus, toutefois ces deux populations sont distinctes l'une de l'autre. 

Bibliographie

Yeatman - Berthelot (1991) Atlas des oiseaux en hiver, SOF. Paris

Géroudet Paul (1982) Limicoles, Gangas et pigeons d'Europe. Delachaux et Niestlé; Neuchatel. Paris. 

Blake Gérard (1980) Observation du bécasseau violet sur le bassin d'Arcachon et la côte basque. Le courbageot, 7/8:16-17. 

Andréas Guyot.
La Bergeronnette: 10:6 (1992) 2e trimestre. 

vendredi 5 juin 1992

Hivernage régulier de l'hirondelle des rochers (Hirundo rupestris) à Pau.

La situation et l'orientation architecturale du boulevard des Pyrénées, semble propice à l'hivernage des hirondelles de rochers. 
Depuis quelques années, j'ai l'occasion de suivre régulièrement un groupe de 15 à 25 individus de novembre à février. Si l'atlas des oiseaux de France en hiver (Yetman & Berthelot 1991) mentionne l'hivernage dans les Pyrénées-Atlantiques, la carte 45 XV ne la signale pas.
Dans l'atlas des oiseaux nicheurs d'Aquitaine (Boutet & Petit 1987) N. Pinczon du Sel signale une observation hivernale le 20 décembre 1982 à Hasparren; carte 44 XIII.

Ce boulevard est situé en terrasse, il est maintenu par un ensemble de hautes voûtes d'environ 30 mètres et orienté plein Sud. A son pied, un versant pentu composé d'une palmeraie, de mimosas et d'un jardin de rocaille. Les parties Sud-Ouest, Ouest et Est sont abritées par de nombreux et grands arbres longeant un canal. De plus la région paloise bénéficie d'un climat doux, sans vent dominant et d'une absence de brouillard.

Bibliographie

Yetman -Berthelot (1991) Altlas des oiseaux de France en Hiver. S.O.F. Paris.

Boutet - Petit (1987) Atlas des oiseaux nicheurs d'Aquitaine. C.R.O.A.P. Bordeaux.

Andréas Guyot
La bergeronnette: 10:3 (1992) 2e trimestre. 

jeudi 4 juin 1992

Le comptage des grands cormorans au lac d'Artix.

Les grands cormorans (Phalacrocorax carbo) ayant choisi le gave de Pau comme lieu d'hivernage se regroupent tous les soirs au dortoir du lac d'Artix. Il existe le long des berges du gave des reposoirs où l'on peut voir des cormorans, mais ils ne passent pas la nuit sur les arbres. Ils rentrent à Artix dans l'après-midi, par petits groupes. 
Le moment le plus favorable pour effectuer les comptages se situent à l'aube lorsque ces oiseaux quittent le dortoir pour aller pêcher. En moins d'une heure, ils se dispersent au-dessus du gave.
Vers l'amont, on peut suivre leur progression d'Artix à St Pé de Bigorre sur 50 kms environ. Pour savoir comment ils se répartissent sur le gave, nous avons effectué des comptages en plusieurs endroits. 

Méthodologie :


Dès les premières lueurs de l'aube (vers 8 h à la mi-janvier) les premiers s'envolent. Pour ne pas manquer les premiers départs, il faut arriver au lac d' Artix une demi-heure avant le lever du soleil. En revanche, au pont des grottes de Bétharram, les premiers n'arrivent que vers 9 h, 9 h 20. A Pau il faut être en place avant 8 h 40. Ils défilent au-dessus de votre tête. 
Comme pour le tour de France cycliste, quelques échappés au début puis le gros peloton scindés en deux, enfin quelques attardés. Par petits groupes, ils quittent le vol pour se poser sur l'eau et se mettre à pêcher. S'ils ne trouvent pas de poissons, ils repartent et peuvent ainsi passer au-dessus de vous dans l'autre sens. 
Pour avoir un résultat fiable, il faudrait utiliser la méthode que le parc national emploie pour le comptage des grands rapaces, mobiliser le plus d'observateur possible, repartis régulièrement sur le terrain le même jour, à la même heure, en pendant le même temps. Par exemple pour les cormorans de 8 à 10 heures vers la mi-janvier, époque où leur nombre est le plus important. On note l'heure de passage de chaque vol, le nombre de cormorans pour éviter les comptages en double, le sens du déplacement. 

Résultats :

On pourra ainsi affiner les résultats que nous avons obtenus avec un taux d'incertitude élevé car effectués sur des jours différents du mois de janvier par trois personnes seulement. Ils donnent cependant un ordre de grandeur du phénomène. Les 297 cormorans qui d'envolent d'Artix vers l'amont, ne sont plus que 139 au-dessus de la gravière d'Artiguelouve, 89 au pont de Lescar, 75 au pont d'Espagne, 31 au pont d'Assat et 20 au pont des grottes de Bétharam.
On trouve donc sur l'eau, 138 cormorans entre Artix et Artiguelouve, 50 entre Artiguelouve et Lescar, 14 entre Lescar et Pau, 44 entre Pau et Assat, 11 entre Assat et Bétharam et 20 en amont du pont des grottes.

On remarque que deux cormorans sur trois pêchent en aval du pont de Lescar dans la zone où dominent les poissons blancs, la plupart de peu d'intérêt pour les pêcheurs. La densité des cormorans (15 à 20 au km) dans cette zone devient nettement plus faible en amont de Pau (1 à 3 au km) dans la zone à truites. 
Cette dernière densité, comparée à celle des pêcheurs relativise le phénomène cormoran, en dehors de tout effet médiatique. Pour une meilleure connaissance de notre environnement avec les pêcheurs l'an prochain.

Duplaa Jo, Garcia Georges, Guyot Andréas. 
La Bergeronnette : 10:1-2 (1992) 2e trimestre.

jeudi 19 mars 1992

Le Grand Cormoran (Phalacrocorax c. carbo) prédateur du Poisson-chat (Ictalurus melas).

Le 17 août 1991, au marais d'Orx dans les Landes, j'ai eu l'occasion, avec J.S. Devisse, d'observer un Grand Cormoran avalant un un poisson-chat avec beaucoup de précaution. j'ai pu ensuite l'observer plus en détail lors d'une seconde pêche. 
Près d'un îlot, dans une faible profondeur d'eau, car un Héron cendré y avait pied, notre prédateur a saisi le poisson par le ventre et l'a ensuite lacéré de coup de bec tout en essayant de la faire pivoter la tête la première. Cette opération a été répétée plusieurs fois, mais le poisson était toujours vivant lorsqu'il fut avalé.
La longueur de ce traitement préalable m'a surpris, car en règle générale le Cormoran ingurgite très vite les poissons. L'opération était probablement justifiée par l'armement défensif du poisson-chat: la première nageoire dorsale et les pectorales sont pourvus d'un fort aiguillon acéré et venimeux, dont la piqûre est douloureuse. Les deux exemplaires capturés étaient longs d'environ 10 cm, donc de faible taille. Le poisson-chat originaire d'Amérique du Nord et introduit dès le début du siècle en Europe, y est considéré comme une "peste". D'autres cas de prédation sur cette espèce sont-ils connus ?   
Andréas Guyot
7 rue Jules Verne
F-64000 Pau
Ref: Nos Oiseaux, 41:321 (1992)

samedi 15 février 1992

L'hivernage du grand cormoran (Phalacrocorax carbo) sur le lac d'Artix et en Béarn.

Historique du Grand cormoran

Pour mieux comprendre le phénomène "grand cormoran" un cour historique s'impose.
Au siècle dernier, Monsieur Philippe signale l'oiseau comme régulièrement présent toute l'année. Voici exacrement mot pour mot, ce qu'il a écrit en 1873 dans son ouvrage "Ornithologie pyrénéenne".

Grand cormoran carbo cormoranus.

Sommet de la tête, cou, poitrine et toutees les parties inférieures du corps ainsi que le croupion, d'un noir verdâtre : un large collier blanc sous la gorge, sur le cou, de petits traits blanchâtres qui sont presque imperceptibles; haut du dos et couvertures des ailes d'un brun cendré et souvent bronzé dans le milieu des plumes, ailes courtes : la deuxième rémige est la plus longue.
Queue composés de quatorze pennes  en forme de cône et de couleur noire. Région nue des yeux d'un jaune verdâtre : petite poche gutturale jaune. Iris et pieds verts. longueur 28 à 30 pouces.

Cet oiseau est sédentaire et se repend très avant dans l'intérieur des terres. On le trouve toute l'année au lac de Lourdes, et durant l'été,sur les lacs situés dans les régions alpines, tels que les lacs Bleu, de Gaube et Escoubous. Il niche soit à terre, soit sur les arbres et pond de trois à quatre oeufs d'un blanc verdâtre. Sa nourriture consiste en toute sorte de poissons. Il varie d'un blanc tapiré de vert foncé disposé par mouchetures.

Il s'est passé exactement cent ans entre la sortie du livre de Mr Philippe et les 10 premiers oiseaux revus sur le lac d'Artix et en Béarn. Et pourtant l'oiseau a disparu de la mémoire collective, car il est courant d'entendre aussi bien chez les pêcheurs que les chasseurs: Jamais l'espèce n'avait été vue auparavant. 

Histoire de la découverte de l'oiseau

Les ornithologues locaux ne le redécouvrent en Béarn que le 26 octobre 1973, les deux premiers oiseaux sur le lac d'Artix. L'hivernage est complet puisqu'ils sont 10 les 7 et 21 novembre ; 12 le 5 décembre; 7 le 26 janvier 1974 et 8 le 27 février 1974, puis plus rien jusqu'en 1976. 
Un seul grand cormoran sera observé sporadiquement en janvier 1976, en Janvier 1977, et le 20 mars 1978.
Ce processus est absolument normal; il y a toujours une phase où des éclaireurs cherchant des lieux de pêche et surtout des zones de non dérangement, afin d'économiser les ressources caloriques. Ce phénomène est connu chez les grands prédateurs.
Le deuxième hivernage débute dès septembre 1978 avec 5 individus et un maximum de 6 individus le 12 janvier 1979? c'est réellement le 20 novembre 1979 que débute l'hivernage régulier de l'espèce avec 20 oiseaux. un maximum de 25 oiseaux sera observé les 20 février et 12 mars 1980. 
L'hivernage 1980/1981 débute le 25 novembre avec 28 individus pour maximum de 40 individus le 28 janvier 1981. C'est le 29 décembre 1983 que l'on frôle les 100 individus, exactement 95. Pour l'hivernage suivant 1984/1985: le 24 novembre 1984, 122 individus sont comptés puis 160 le 22 décembre et enfin jusqu'à 220 oiseaux le 12 janvier 1985.
L'hivernage 1985/1986 atteindra 340 individus le 14 décembre.

Depuis 1987 il y a une saturation avec environ 400 individus maximum en hivernage.
Celui-ci débute environ dans la troisième décade d'octobre jusqu'à la troisième décade de mars soit 5 mois complets avec de forts effectifs. Néanmoins quelques oiseaux arrivent dès la fin juillet début août. Ils peuvent être encore présents jusqu'à la fin mai: il s'agit surtout d'immature qui s'attardent au printemps. Par contre des adultes peuvent arriver eux, très tôt, sur les lieux d'hivernage. 

Risque de reproduction 

Ce qui est grave, c'est que depuis 1987, stationnent toute l'année sur le lac d'Artix, des grands cormorans blessés aux ailes, par des chasseurs inconscients. Ceux-ci favorisent la nidification de ces oiseaux en les maintenant sur place. Si deux adultes arrivent à se reproduire une année, la nidification sera inévitable les années suivantes, car les jeunes sont toujours fidèles à leur lieu de naissances.

Importance et limite des dortoirs

Cet oiseau est socialement grégaire surtout dans ses lieux de repos, de dortoir et de pêche. Dans la journée les cormorans occupent des reposoirs entre le lieu de pêche et le dortoir. 
En Béarn seul le dortoir du lac d'Artix semble exister, il est possible qu'il y ait d'autres petits dortoirs plus ou moins dispersés. En revanche le long du gave, nous avons repéré plusieurs reposoirs diurnes.
Plus celui-ci est calme, plus il est fréquenté mais jusqu'à une certaine limite.
La dépense énergétique qu'impose le vol et la pêche ne peut être supérieur au pouvoir calorique des poissons que mange cet oiseau.
Il y a donc un facteur limitant la distance entre la zone de pêche et celle du dortoir, les études montrent qu'une distance de 50 Km serait un maximum.

Les comptages

Le dénombrement des oiseaux est toujours empirique les comptages d'oiseaux posés au dortoir ne nous donnent qu'un chiffre de base parce-que nous ne pouvons voir tous les oiseaux de 1 h 30 à 1 h avant la nuit. 
C'est ensuite le matin au moment ou presque tous les oiseaux partent sur les lieux de pêche que nous pouvons avoir un nombre près de la réalité.
En revanche, il n'est pas possible de compter les oiseaux lors de leur rentrée au dortoir. Les mouvements sont trop échelonnés des entrées et des sorties.

Les ressources alimentaires

Aujourd'hui, (1992) il me semble y avoir une saturation de nombre d'hivernants avec 400 oiseaux, car les ressources alimentaires ne peuvent en accueillir un plus grand nombre. Comme chez tous les grands prédateurs, c'est le nombre de proies qui régularise à la fois la reproduction et l'hivernage par le nombre d’œufs pondus. Il se pose effectivement un gros problème de ressources car l'enrichissement artificiel en poissons d'un cours d'eau fausse sa richesse. Les sociétés de pêche portent donc une part de responsabilité dans le nombre d'oiseaux présents, tout simplement parce-qu'elles contribuent à les nourrir par des proies trop faciles. 
En effet, qu'elle défense peuvent avoir des poissons élevés en pisciculture et mis dans un milieu sauvage par lessiveuses entières ? Cela est d'autant plus grave qu'en cette période de l'année un grand nombre d'hivernants sont encore présents. A leur tour les pêcheurs attraperont toutes ces proies faciles dans les mois qui suit l'ouverture.

Quel avenir pour l'espèce ?

La disparition de l'espèce en Béarn n'était pas uniquement due aux chasseurs comme on pouvait le croire, sa chair étant peu consommable (goût de poisson). 
Partout en Europe, l'oiseau avait été déclaré nuisible.
L'oiseau a été victime de son régime alimentaire et de la méconnaissance de sa biologie. Il faudra 1975 pour que l'espèce soit protégée en France et en 1977 dans toute l'Europe.

La raréfaction des poissons dans les cours d'eau, a pour cause essentielle la pollution provoquée surtout pas l'urbanisation rapide de la population.
Des personnes soutiennent la thèse suivante: le retour des grands cormorans dans nos rivières est la conséquence de la diminution des ressources alimentaires en bord de mer due a des pratiques de pêche par chalutage non conventionnel et l'emploi anarchique des filets (Dépêche du Midi du 28/11/91). 
Cet argument est contradictoire avec le fait que l'oiseau était sédentaire au siècle dernier dans notre région. 

Et puis dans toute la bibliographie, nous n'avons pas trouvé trace de telles études, existent-elles ? Nous sommes près à en tenir compte.
Il serait, à notre avis, important de lancer une étude sur le rôle de l'alevinage dans nos belles rivières. Cette toute action qui entraine une modification du milieu naturel et l'alevinage par lessiveuses entières en est une, a automatiquement des conséquences sur les poissons aussi bien sauvages qu'introduits. 

D'ailleurs cette pratique est elle-même contestés par certains autres pêcheurs. 
La disparition du cormoran souhaités par certains pêcheurs est une fausse solution, ces mêmes personnes demandent de pouvoir se débarrasser de cet oiseau, aujourd'hui et demain, quoi d'autres ?
Cela devient grave car certains "homo sapiens" trouvent même que d'autres "Homo sapiens" sont nuisible. Ce n'est pas par l'exclusion que l'on réglera les problèmes.
Où est le sérieux dans les discours de régulation puisque l'espèce se régule d'elle-même en fonction de la disponibilité des proies. et puis l'oiseau a 60 millions d'années derrière lui, il n'a jamais exterminé le poisson, l'homme moderne n'a que 2 millions d'année, ce qui fait 58 millions d'année sans l'homme. 
Restons sérieux et observons la nature pour comprendre et analyser objectivement, luttons ensemble pour obtenir des stations d'épuration biologiques des eaux usées et surtout la pêche le long des d'eau n'est qu'un loisir ou un sport pour  ceux qui le veulent.
Qui peut se dire propriétaire de la faune sauvage par l'octroie d'une carte de pêche. 

Bibliographie: 

Géroudet Paul (1991) Système hivernal du cormoran dans le haut bassin du Rhône - Nos oiseaux 41:145-164.

Philippe (1873) Ornithologie Pyrénéenne, oiseaux sédentaires et de passage dans les Pyrénées Françaises, Cazenave Bagnères.

Yeatman Laurent (1971) Histoire des oiseaux d'Europe - Bordas Paris.

Marion Loïc (1990) les oiseaux piscivores et les activités piscicoles impact et protection - Ministère de l'environnement et Ministère de l'agriculture et de la forêt - Paris.

Guyot andréas (1989) les oiseaux du lac d'Artix. cinq années d'observation - MJC du Laü Pau.

Austin O & Singer A, Familles d'Oiseaux Ottawa Canada.

Yesou Pierre (1989) Fidélité de grands cormorans à un site d'hivernage ou à un axe migratoire. ORFO 59:175-178.

Cet article n'aurait pas été possible sans les notes de terrain des ornithologues locaux des années 60 et 70: J.C Alberny, Philippe Desaulnay, Gérard Blake. 

Je tiens particulièrement à les remercier, ainsi que le petit-fils de Simin Palay qui m'a permis d'avoir accès à sa bibliothèque. 

Andréas Guyot
Jo Duplaa 
La Bergeronnette 9:2-8 (1992) 1er trimestre.