mardi 10 septembre 2013

Résultats des observations ornithologiques à l’extrémité de la digue de Tarnos (40) 1985 – 2001.

Les Fous du Pomarin

Résultats des observations ornithologiques à l’extrémité de la digue de Tarnos (40) 1985 – 2001.

Andréas Guyot

Par goût et pas passion pour la mer et les oiseaux, j’ai souhaité privilégier mes observations sur la migration des oiseaux marins.

Cette activité n’était guère pratiquée dans le Sud-Ouest et il n’y avait jamais eu de suivis réguliers sue le littoral basco-landais.

Il faut dire que le peu d’ornithologue était très occupé à suivre les sites d’Organbidexka Col Libre.

En fait, depuis le début des années quatre-vingt l’activité principale en automne était de suivre les rapaces.

Mais c’était plus fort que moi et malgré quelques réflexions je continuais à effectuer des observations en mer de façon systématique. Les résultats obtenus montrent aujourd’hui tout l’intérêt d’un tel suivi : en Seize ans il a été observé 122 espèces.

Sea watch, guêt à la mer, ou Pomarin.

L’activité d’observer en mer est très connue sous le terme de Sea watch. La traduction littérale française donne guêt à la mer. Si elle tend à être employée de plus en plus souvent, l’expression ne semble pas très heureuse et terme de langage.

J’ai imaginé Passage d’Oiseaux MARINs, la contraction ferait « Pomarin » car c’est le nom d’un labbe. Pour les observateurs assidus de cette pratique, une rubrique pourrait être créée sous l’expression « Les fous du pomarin » faisant référence au fou de bassan, et l’action d’observer en mer s’appellerait, une séance de pomarin.

Les deux sites.
-         La digue de Tarnos.
C’est le site principal. 90 à 95% des observations ont été réalisées au bout de la digue, elle s’avance sur mille mètres en mer et plein Ouest. Les blocs de bétons et de pierre offrent un abri, un site de pose et de nourrissage pour différents oiseaux. De nombreux petits insectes attirent les passereaux. On peut y observer le roitelet huppé, le rougequeue noir, exceptionnellement le tichodrome échelette, l’hirondelle rousseline (Grangé), l’accenteur alpin (Fossé)…25 passereaux au total.

Sur cette digue, le bécasseau violet est un hivernant régulier (Guyot 1992 et 1993). Lors de leur migration il n’est pas rare de voir sur les blocs, un Gambette, un Maubèche, quelques bécasseaux variables, etc.

L’avantage d’être à l’extrémité de la digue est en fait de bien s’éloigner de la migration terrestre, mais aussi de mieux apercevoir (le terme est précis) les oiseaux marins. En fait il faut un vent de force 4 de Nord-Ouest avec une mer pas trop formée (sinon bonjour les embruns !), mais il est vrai que ces conditions idéales ne sont pas toujours au rendez-vous, mais je suis un fou du « Pomarin »… !

-         Le phare de Biarritz.
Celui-ci est situé à 47m de hauteur et il a l’avantage d’être proche de la digue, donc de pouvoir être pris dans l’inventaire. Lorsque le vent souffle en tempête nous sommes à l’abri des embruns. Les tamaris nous offrent également un abri au vent. Le fait d’être en hauteur permet de voir les oiseaux entre les vagues et d’observer plus loin en mer.

Si je déserte ce site dans des conditions normales c’est à cause de la pression touristique. Lors des tempêtes les tournepierres sont sur la pelouse et j’ai même pu voie en plein jour un engoulevent d’Europe. Les Laridés passent au ras de la falaise, Si j’intègre dans l’étude les oiseaux marins je délaisse les passereaux, trop proches du littoral.

-         Les autres sites.
Si par beau temps les observations se font d’habitude en bout de digue, par vent fort et mer formée, il est plus commode de se placer au pied du phare de Biarritz à 47m de hauteur. De plus l’endroit offre un abri à la fois pour le vent et la pluie. Des ornithologues ont essayés le fort de Socoa à Ciboure, le domaine d’Abbadia, le cap du figuier en Espagne. Dans les Landes, le jetée de Capbreton, les dunes de Labenne et d’Ondres. En fait chacun d’entre nous préfère « son site ». J’ai choisi Tarnos parce le digue s’avance de 100O mètres en mer.  

Période d’observation
Principalement les Week-end d’avril à mai et de juillet à novembre, ainsi qu’après les forts coups de vent même en hiver.

Méthodologie
J’effectue un dénombrement quantitatif par heure. Exemple 36 puffins cendrés en 4 heures. En fait, j’ai pris la même méthodologie que sur l’île d’Ouessant. Celle-ci nous vient des Danois avec qui j’ai effectué de nombreuses heures de pomarin (Passage d’oiseau marin). Lors de vols migratoires, les oiseaux sont ainsi dénombrés par heure.

Pour une meilleure lecture des résultats nous avons pensé vous présenter le passage des espèces par mois avec le statut ainsi noté : R pour régulier ; O pour occasionnel ; T pour toute l’année.

Le dénombrement
Vous ne trouverez dans le tableau aucun passereau car leur migration est connue en zone littorale terrestre. Néanmoins nous en avons observé plus de vingt espèces. Nous avons conservé les quatre falconidés (chassaient-ils les passereaux ?) par contre nous avons enlevé trois rapaces qui n’avais rien à voir avec les milieux aquatiques. Le Hibou des marais a cependant été conservé.

En fait l’intérêt n’est pas de vous présenter une super liste, mais d’établir un inventaire qui soit un reflet le plus fidèle possible de ce qui a été et ce qui peut être observé dans le Sud du golfe de Gascogne.

Nous avons observé trois oiseaux Nord-américains, un sibérien, et un asiatique. Ils étaient pourtant en zone marine mais pas sur les deux sites. Ils seront intégrés dans une prochaine étude sur les oiseaux du littoral basquo-landais.

La liste : résultats
Volontairement, nous n’avons pas mis de dates annuelles (trop de chiffres). Nous avons préféré utiliser un tableau mensuel. Voici néanmoins quelques repères.

Les plongeons et les grèbes sont souvent identifiés à l’unité et posé en mer.

Les puffins, pétrels, océanites, fous, cormorans, hérons et spatule ne sont comptabilisés qu’en vol migratoire.

Nous avons compté la migration des fous de bassan ainsi : Exemple :
13/08/95….1 de 1ère année
15/08/95….27 de 1ère année….1 de 2ème année
20/08/95…120 de 1ère année ….1 de 2ème année
27/08/95…166 de 1ère année ….1 de 2ème année
02/09/95…236 de 1ère année….179 de 2ème année….28 de 3ème année…24 ad.

Cette dernière journée avec 466 fous n’a rien d’exceptionnelle pour le début du mois de septembre. Les individus de première année sont les premiers à migrer, suivi des deuxièmes années, des troisièmes années, et enfin des adultes en fin de migration. 

L’identification des anatidés est parfois difficile surtout lorsqu’ils volent en groupe compact et au ras des vagues, avec 3 ou 4 espèces dans un même vol.

Les limicoles sont souvent observés, posés en bout de digue. Quelques espèces le sont aussi en vol comme les sanderlings, gambettes, barges, corlieux, avocettes, huitriers, etc. Les petits limicoles au vol rapide au ras des vagues ne sont pas pris en compte.

Les labbes, laridés, guifettes et alcidés sont identifiés en passage migratoire.

La migration débute en juillet par la sterne caugek, il est vrai que la colonie du banc d’Arguin avec plus ou moins 4000 couples n’est qu’à 125 km au Nord. Viennent ensuite les guifettes noires et les premiers fous immatures. Heureusement pour la diversité des observations qu’il s’y mêle quelques puffins cendrés. 40 en deux heures le matin un 26 juin……22 en trois heures l’après-midi cette même journée.

Exemple de Pomarin :
-         Le 3 septembre 1995, j’eus le plaisir d’observer 15 globicéphales pendant 2 heures autour de la bouée BA et de dénombrer 697 oiseaux pour un total de 22 espèces.
-         Le 24 septembre 1995, j’observais 1095 oiseaux et 17 espèces différentes
-         Le 11 novembre 1998, je comptais en migration 735 goélands bruns devant le phare de Biarritz.
-         Le 19 novembre 2000, nous observions 418 oiseaux pour 27 espèces.

Mais il y a aussi des mauvaises journées comme ce 15 mai avec seulement 2 ind en 4 heures d’observation ou d’excellentes comme ce 13 septembre  où les puffins cendrés apparaissent avec 2 puffins majeurs.

Il est parfois possible de voir un labbe à longue queue (11 Août), une sterne bec orange (16 Août). Les premiers labbes pomarins et parasites arrivent dès le 27 août. Le grand labbe est le premier des stercorariidae à migrer puisqu’il passe le dès le 9 août.

Il est certain que le début de la migration avant le 15 Août et après la fin du mois d’octobre n’est guère palpitant pour ce qui est des effectifs, mais il offre toujours quelques moments de joie. Ainsi cette fabuleuse journée du 10 juin 2001 où en compagnie de B. Lamothe nous avons pu observer :
30 Puffins cendrés
2 Puffin des Baléares
40 fou de bassan
50 macreuses noires
2 labbes parasites
10 mouettes mélanocéphales
2 sterne arctiques
100+ Sternes caugeks
100+ Sternes pierregarins
5 Sternes naines
10 Guifettes noires
3 Guifettes moustacs
Alors que nous n’espérions voir que quelques puffins cendrés. Il faut être passionné par les oiseaux marins pour attendre des heures durant….

L’Hivernage et les tempêtes
Il est bien connu que les tempêtes du golfe de Gascogne sont violentes, Elles nous ont permis d’observer la mouette de Sabine, des mergules, les océanites tempêtes et culblanc, des phalaropes à bec large, un cormoran huppé, un puffin de méditerranée (Yelkouan), des puffins fuligineux et surtout des concentrations fabuleuses d’oiseaux marins : 500 mouettes pygmées, plus de 1000 mouettes tridactyles, et autant de fou de bassan, une harelde de Miquelon sur l’Adour et plus de 500 mouettes mélanocéphales un 17 novembre.

Tous les hivers nous trouvons des puffins des Baléares, des pingouins torda, des guillemots de troïl, des plongeons ainsi que quelques grèbes et harles.

La migration prè-nuptiale
Nous observons un peu les mêmes oiseaux, mais en nombre moins important. La seule espèce qui se rajoute est la sterne arctique, il est vrai plus facile à identifier à cette période de l’année.

Bibliographie
Il existe de nombreuses références bibliographiques. J’ai privilégié les synthèses des groupes plutôt que les suivis ponctuels et individuels ; c’est pourquoi vous ne trouverez que des orientations bibliographiques et non une liste exaustive.

-         Les bulletins de liaison trimestriels du littoral Flandre-Boulonnais, Prospections Ornithologiques Dunkerquoises et divers autres de Jacques Leclerc.
-         Les bulletins de Centre Ornithologique d’Ouessant.
-         Les bulletins du Cap Gris-Nez.
-         Les Rapports ornithologiques de l’embouchure du Var
-         Les rapports du G.I.S.O.M.
-         Les synthèses des observations ornithologiques bretonnes, publication du Groupe Ornithologique Breton AR VRAN.
-         Les suivis du GONm, travaux de synthèse d’A. Gherardi.

Andréas Guyot
7 rue Jules Verne
64000 PAU.

PS: lire sur le tableau:
* en vol migratoire
** hivernage de Sept à Mai

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