lundi 3 juin 2019

Retour sur la prédation des vautours fauves sur le bétail dans les Pyrénées-Atlantiques.


Qu’en est-il après l’article de Jean-Pierre CHOISY, Nos oiseaux 60 : 193-204 – 2013.

Ce qui a changé depuis 2013, c’est le nombre toujours plus grand de couple nicheurs. 
Voici un bref rappel historique du nombre de couples nicheurs à la fois dans le département des Pyrénées-Atlantiques et sur la chaîne de Pyrénées.
2007 ; Pyrénées-Atlantiques : 500 couples, Chaîne des Pyrénées : 525 couples.
2012 ; Pyrénées-Atlantiques : 760 couples, Chaîne des Pyrénées : 832 couples.
2019 ; Pyrénées-Atlantiques : 911 couples, Chaîne des Pyrénées : 1070 couples.

Le constat est qu’entre 2007 et 2019, la population des couples nicheurs a quasiment doublé en 12 ans, et triplé en 30 ans de 1990 à 2019, puisqu'il n'y avait que 300 couples nicheurs et aucun dommage sur le bétail. 

A l'IPHB, Institut Patrimonial du Haut Béarn, ils ont 502 plaintes d"éleveurs. Dans la presse régionale, il toujours fait écho de vautours qui n’attendent plus que leurs proies soient mortes. Je rappelle qu’un prédateur tue sa proie, alors que biologiquement parlant le vautour fauve reste un charognard dans l’ensemble de sa population, même si certains individus ont un comportement de prédateur.

J’ai donc voulu savoir qu’est-ce qui les poussent vers ce comportement. Manifestement c’est la faim, cela voudrait donc dire que les ressources alimentaires disponibles dans la nature n’y sont pas.
Alors de combien a besoin un vautour fauve pour se nourrir, pour cela j’ai cherché et interrogé. Un soigneur m’a répondu : (Bonjour sachant que le vautour peut facilement jeûner pendant deux semaines c’est compliqué de chiffrer en centre de soins pour une remise en état on est sur 500 gr par jours).   
Sur deux sites, LPO et CNRS Chizé, j’ai trouvé 500 gr et 400 gr de nourriture par jour. Ce qui confirme à 100gr près.

Alors j’ai calculé la biomasse qu’il faut pour nourrir les 911 couples de vautours dans les 
Pyrénées-Atlantiques ;
911 couples cela fait, 1822 individus.
1822 x 0,500 gr = 911 kg de nourriture journellement disponible « in natura ».
Sans compter que les vautours ne sont les seuls à se nourrir de la faune sauvage mortes naturellement dans la nature, il faut dons tabler sur environ 1 tonne de biomasse disponible journellement. Cela me semble beaucoup.
Cela expliquerait le pourquoi des vautours fauves qui crèvent de faim, et modifient leurs comportements.

A l’époque où je comptais les vautours en 1990, et avant qu’ils ne modifient leurs comportements, il n’y avait que 300 couples de vautours nicheurs dans les Pyrénées-Atlantiques et aucune attaque sur le bétail. Cela a commencé quelques années plus tard, après le dépassement du seuil des 300 couples.  
300 couples représentent 600 individus
600 x 0.500 gr = 300 kg de biomasse disponible par jour. « In natura ». Est-ce là le seuil d’une population viable avec uniquement les ressources naturelles.

Je pose la question, certes c’est une question qui va fâcher, mais lorsqu’en Espagne les placettes de dépôts des porcs morts ont été supprimées, notre communauté ornithologique a cru à un effondrement de la population des vautours fauves. Cet effondrement n’a pas eu lieu, il y a eu une relative baisse,
Dans le département des Pyrénées-Atlantiques l’augmentation des couples nicheurs a été constante.  

Comment allons-nous gérer cette constante augmentation des vautours fauves avec la prédation qu’elle engendre chez les éleveurs ? toute la question est là.
Devons-nous fermer les yeux, ne pas se poser les bonnes questions sur la nourriture disponible in natura, au lieu de ne voir que celle des bêtes et d’animaux d’élevages ;
Les proies du bétail domestique d’élevage : brebis, vaches, chevaux etc.., morts pendant les estives ou pendant l’hiver, ne doivent pas entrer en ligne de compte pour le nourrissage des vautours. Ce doit être pour eux la cerise sur le gâteau.
Cela rendrait aux vautours son rôle d'équarrisseur naturel. 

Bibliographie :
Choisy J.P. (2013) Vautour fauve (Gyps fulvus) et bétail : éco-éthologie alimentaire, évolution, controverse.  Nos oiseaux 60 : 193-204 – 2013

Lien: http://www.sepanso64.org/IMG/pdf/Choisy_2013_NO.pdf

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Ce tableau représente les expertises des attaques sur le bétail encore vivant.

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