La retenue collinaire de l’Ayguelongue
serait-elle indirectement
une menace pour la biodiversité ?
Période
de 1996 à 2015.
Introduction : Ce constat n’aurait pas eu lieu sans le développement anarchique des plantes et des espèces invasives.
Créé dans le but
d’une irrigation agricole durable, afin de ne plus pomper dans les nappes
phréatiques, cette retenue d’eau, avait de quoi séduire, et elle m’avait
séduit, à tel point que je ne comprenais pas les critiques des
« écolos » de la SEPANSO Béarn. Critiques que je trouvais
saugrenues !!!
Cette retenue a
été mise en eau au printemps 1996, je ne l’ai connue qu’en septembre de la même
année, j’en ai été tout de suite un fidèle observateur, d’autant plus que l’irrigation
pour l’agriculture avait fait baisser le niveau des eaux, laissant place à une
grande vasière, ainsi je voyais une grande diversité de limicoles et oiseaux
d’eau attirés par la recherche de nourriture.
Ayant l’esprit
« ornitho » (voir le plus d’espèces d’oiseaux possibles) j’étais ravi
d’autant plus qu’observer une grande diversité de limicole et très rare dans
les terres.
Puis au fils des
ans, il y eu d’abord les tortues de Floride… et je n’ai jamais plus observé de
cistude d’Europe ensuite… ! Certes je ne suis pas en mesure d’affirmer une
analyse scientifique à sa disparition visuelle, ni non plus d’en démontrer les
effectifs antérieurs, mais il est un fait que la cistude n’est plus observable
en aval du pont de la D.201.
Ma pression
d’observation de quasi 20 ans me fait penser que j’aurais au moins dû avoir
quelques contacts visuels.
Ensuite les
écrevisses de Louisiane, très nombreuses au vu des terriers lorsque le lac se
vide, et des restes de repas par les hérons cendrés (observations visuelles).
Tant qu’il n’y
avait que ces deux espèces cela pouvait encore aller, mais la disparition de la
vasière du à la grande jussie fut pour moi l’élément de trop.
L’envahissement dû
à la grande Jussie, semble sans fin, c’est une plante invasive d’Amérique du Sud,
ce lac n’est pas le seul à connaître ce problème.
Question :
les propriétaires et gestionnaires du site n’ont-ils pas le devoir de lutter
contre les espèces invasives ?
Personnellement mes
essais sur trois tentatives d’éradication de la jussie ont été un échec : Déterrage,
recouvrement, gros sel.
Certes cette
retenue a des points positifs envers l’avifaune, nidification de l’oie cendrée,
du héron cendré, du bihoreau gris, 4/5 couples de mouette rieuse, du grand
cormoran, de très nombreux couples de colvert, poules d’eau, foulque macroule,
outre la reproduction du gardeboeuf, son hivernage de plus de 1000 ind, et
l’observation de plus de 116 espèces d’oiseaux posés dont plusieurs très rare limicoles
etc etc. voir :
Mais les impacts
néfastes sur la biodiversité me semblent bien plus conséquent en raison du
développement et à la prolifération d’espèces en aval, telle que la tortue de
Floride, l’écrevisse de Louisiane, et de la grande Jussie.
Le plus grave c’est
que cette prolifération est aussi importante en amont qu’en aval, donc que
faire ?
Il me faudrait
toujours me dire que cette retenue collinaire, n’a pas été faite pour
satisfaire à des besoins d’avifaune voir piscicole, mais uniquement
d’irrigation, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a un impact certain dans
le milieu naturel.
Un garde pêche du
Pesquit (association de pêche) à même trouvé une grenouille taureau dans un lac
en amont. Ils sont tout aussi préoccupés que moi.
Autre
problème : l’échec de la nidification des grèbes huppés, par l’absence
d’une bonne gestion des niveaux d’eau, et j’avoue aussi qu’il est difficilement
possible de faire autrement aux vus des objectifs d’irrigation, comme les
autres années leur nidification est compromise.
Le grèbe huppé a
une biologie tardive dans sa reproduction, celle-ci coïncide malheureusement,
avec l’arrosage du maïs, toute baisse du niveau de la retenue lui est
fatalement très dommageable et c’est ainsi chaque année.
Cet oiseau à
besoin pour faire son nid d’une relative faible profondeur, afin que son nid
par stabilité repose sur le fond.
La baisse du
niveau constant d’environ 15
cm a condamné cette couvaison de trois œufs, comme elle
a condamné aussi l’autre ponte de 4 œufs….4 nids en queue du lac sont dans
cette situation.
Là c’est encore 3
œufs condamnés
Dans les deux cas
la grande Jussie est envahissante et elle semble être gênante pour la montée du
grèbe, c’est ce qu’il m’a semblé constater sur le nid ci-dessous.
Toujours est-il
que c’est deux facteurs sont sans aucune contestation dommageable pour la
reproduction des grèbes huppés.
Ce nid est bientôt
condamné, de plus la grande Jussie est en train de l’envahir.
J’avais cru à une
solution qui consisterait à garder un niveau constant en queue des retenues
collinaires, mais c’est aussi une fausse bonne idée, car essayer de sauver quelques
couvaisons de grèbes huppés, c’est entretenir le développement de grande jussie qui aime les eaux stagnantes
et chaudes
Le plus triste à
voir c’est l’observation de ce que je pense être une femelle, qui malgré tout
reste au alentour du nid.
Voilà ce constat
amer de ce que je crois être une solution durable pour l’environnement, stocker
l’eau en plein hiver pour la restituer en plein été.
Cela part du bon
sens ou alors faut-il admettre ce concept et faire fi de l’avifaune nicheuse
entre autres celle des grèbes huppés et du déséquilibre de la biodiversité qui
favorise la prolifération d’une flore et d’une faune exotique envahissante.
Toute la question
est là… ! Comment lutter contre les envahisseurs ? (titré une
émission d’Arte).
Pour les grèbes
huppés malheureusement c’est plus une question d’adaptation que de
sentimentalisme.
Mais je me dois de
constater que sans ces réservoirs, l’avifaune migratrice n’aurait ni reposoir,
ni gagnage pour les limicoles.
Pour l’instant j’avoue
être incapable de me dire si cela est globalement positif, tellement je suis
préoccupé par le développement qui semble être sans limite de la grande
jussie.
Andréas Guyot
Ornithologue et
Naturaliste
7 rue Jules Verne
64000 Pau.
Réponse d'une ami scientifique Pierre Yésou.
RépondreSupprimerL'exemple de ton barrage collinaire est malheureusement "banal".
On coupe une circulation d'eau pour l'intérêt de certains agriculteurs, puis
personne ne gère vraiment le plan d'eau, à une exception près : on gère le
niveau d'eau en fonction des besoins d'irrigation du maïs (puisque c'est
l'objectif unique du barrage), sans s'interroger sur les autres valeurs du
plan d'eau.
A part ça, tout le monde y fait ce qu'il veut, à commencer par se
débarrasser de ses tortues d'aquarium et balancer des écrevisses, dans
l'espoir sans doute de pouvoir en pêcher. Etc. Quant à la jussie, elle adore
les plans d'eau calmes alors elle se plait bien là, et j'imagine que
personne n'envisage l'enlever puisque ça ne pose pas de problème de quantité
d'eau nécessaire pour le maïs ...
Schéma classique, assez banal sur un plan d'eau artificiel (ou alors, autre
schéma commun, vous pourriez avoir droit aux cyanobactéries !).
Les seules structures à même de pouvoir éventuellement faire quelque chose
(en fonction de leurs propres priorités, car il s'abime plus de chose qu'on
a de moyens d'en restaurer) seraient les associations de protection de la
nature (pour faire pression sur l'administration) et, côté administration,
le service nature et paysage de la Dreal (échelle régionale ; les Dreal sont
en principe chargées d'assurer un suivi de ces espèces à l'échelle
régionale, mais cette politique se met en place à vitesse variable selon les
régions), voire le service police de l'eau de la DDT (département). Onéma et
Agence de bassin devraient théoriquement être sensibles au fait qu'il y a
intérêt à limiter l'extension d'exotiques comme la jussie et l'écrevisse de
Louisiane. Mais là encore ça dépend du contexte local (niveau de
sensibilisation des gens que tu contactes ; moyens disponibles ; état des
lieux à l'échelle plus régionale ...).
Bref, ce n'est pas gagné.
Désolé de ne pas pouvoir t'apporter une aide plus efficace.
Bonnes observations néanmoins.
Bien cordialement
Pierre