lundi 25 avril 2022

Comment estimer la population des vautours fauves dans les Pyrénées-Atlantiques avant les premiers comptages de 1962.


Par Andréas Guyot.

Introduction : C’est en parlant avec un berger de la vallée d’Aspe que m’est venu l’idée de cet article. Il m’a affirmé que jamais dans les réunions de famille il avait entendu parler d’attaque sur le bétail par les vautours fauves, dans les années d’après-guerre et que selon lui, ils avaient changé de comportement.

Pour avoir suivi la population des vautours fauves dans les Pyrénées-Atlantiques et participé aux divers comptages en vallée d’Aspe depuis la fin des années 1980, j’ai une tout autre idée du pourquoi, et j’ai aussi tout l’historique des comptages 

 Ce que nous savons avec certitude :

Nous savons que les premières attaques sur le bétail ont eu lieu à partir d’une population de 309 couples nicheurs en 1993, phénomène qui n’a fait que s’empirer ensuite, alors qu’en 1990 avec 300 couples nicheurs il n’y avait aucune attaque sur le dit bétail.

Nous savons que les vautours fauves étaient présents dans les Pyrénées-Atlantiques bien avant que les humains n’y vivent, ainsi que tous les autres rapaces, puisqu’il n’y a jamais eu de réintroduction d’aucun rapace diurne.

Nous savons par la bibliographie régionale les divers sites de nidification de la Rhune (64) la plus à l’Ouest et à Sarrancolin (65) le plus à l’Est, mais nous ne savons rien de l’état des populations (nombre des couples nicheurs).

Nous savons aussi que les vautours fauves ont subi, une persécution soit par le tir, soit par l’empoisonnement. En effet les bergers pour se débarrasser de l’ours ils empoisonnaient des carcasses de brebis avec de la strychnine, et malheureusement c’est les vautours qui découvraient la carcasse avant l’ours.   

Donc à partir de là j’ai complété mon enquête à la fois en vallée d’Aspe et en Ossau pour avoir plus de témoignage d’ancien berger, s’ils avaient eu dans leurs familles des dires d’attaques des vautours fauves sur le bétail avant-guerre et après-guerre lors de réunions et repas familiaux, et tous n’en avaient jamais entendu parler avant. Les seules attaques connues sont celles de l’ours.

A partir de là j’ai donc analysé la situation. Pourquoi qu’avec une population de 300 couples nicheurs soit 600 oiseaux, ils arrivaient encore à se nourrir du seul apport de la faune sauvage mortes et qu’il n’y avait aucune attaque sur le bétail, alors qu’à partir de 309 couples nicheurs ils n’étaient plus en capacité de se nourrir de la faune sauvage et que les premières attaques ont eu lieu sur le bétail soit lors du vêlage pour se nourrir du placenta, soit de bétail moribond (quasi mourant). C’est que la population devenait trop importante en rapport avec une nourriture disponible dans la nature.

Je rappelle que la population originelle des vautours fauves se nourrissaient seuls et sans apport du bétail depuis la nuit des temps.

Un élément important était de savoir, de qu’elle quantité un vautour fauve à besoin quotidiennement pour se nourrir. Pour cela j’ai interrogé les centres de soin, et la quantité est d’environ 500 gr par jour pour leur remise en forme. Donc 600 oiseaux mangeant 0,500 kg équivaux à 300 kg de nourriture journalière.

J’en déduit qu’avec une biomasse sauvage de 300 kg par jour arrive à nourrir une population de 600 vautours et pas au-delà, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Alors j’en déduit que la population des vautours fauves n’a jamais dépassé les 300 couples nicheurs dans le massif du côté français avant 1962 (date des premiers comptages), puisque je n’ai aucun témoignage de berger résultant d’une quelconque attaque sur le dit bétail d’élevage, tant en Ossau qu’en Aspe. Si tel avait été le cas, la presse locale d’avant-guerre en aurait aussi fait référence, comme pour les attaques des ours bruns.

Pourquoi parle-t-on de couples nicheurs, parce que les comptages sont ainsi faits, les individus isolés ne sont jamais pris en compte.  

L’histoire du pastoralisme dans les Pyrénées :

Le traité de la Junte de Runcal date de 1375, et il est certain que le bétail mort en estive était consommé par les vautours fauves, mais nous ne savons pas les quantités, sauf que les troupeaux étaient bien plus petit, avec un maximum de 100 à 150 bêtes. Le gardiennage de grand troupeau n’existait pas.  

L’histoire du Pastoralisme ou de l’élevage du bétail à des fins commerciales date d’environ 7000 ans selon l’étude de Christine Rendu, Carine Calastrenc, Mélanie Le Couédic, Anne Berdoy, dans le livre (Estives d’Ossau, 7000 ans de pastoralisme dans les Pyrénées).

Ce qui est certain c’est que les vautours fauves ont toujours d’eux-mêmes régulés leurs populations en fonction de la nourriture disponible dans la nature,

(Les oiseaux ont cette faculté que n’ont pas les humains) et qu’elle n’a jamais dépassée les 300 couples nicheurs, puisqu’aucun témoignage de berger ne mentionne des attaques sur le bétail dans les temps anciens.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire