mardi 11 décembre 1990

Première nidification réussie en France de l’élanion blanc, Elanus caeruleus

N°422. Nos oiseaux, Volume: 40, fasc: 8. Pages: 465-477. (Décembre 1990).

Andréas Guyot
Avec la collaboration de J. Duplaa, G. Holin et P. Géroudet.


Depuis quelques années, la région d’Aquitaine proche des Pyrénées les plus occidentales promettait l’installation de ce petit rapace. Le 21 juin 1983 en effet, A. Papacotsia découvrit fortuitement, lors d’une étude d’impact d’un chantier, un couple d’Elanions blancs dont les accouplements et la construction d’un nid laissèrent ensuite espérer la reproduction. Toutefois celle-ci échoua ou du moins ne put être confirmé…. La présence des oiseaux se prolongea néanmoins pendant plus d’un an, puisqu’ils construisirent de nouveau en 1984 sans résultat et furent encore observés le 23 octobre non loin de là (A. Calle, P. Grisser, A. Papacostia et al (1,5)) . En 1985, au moins un adulte séjourna jusqu’en mars (A. Papacotsia), un ou deux du 12 au 22 août (P. Grisser, P. Petit). En 1986 encore, un Elanion fut observé jusqu’au 3 avril, puis disparut (P. Grisser et al) (1). Les trois années suivantes n’apportèrent plus de nouvelles….

Le 22 février 1990, un couple est reparu sur la lande, dont la localisation ne peut être précisée pour des raisons évidente. Cette fois, le succès tant attendu nous permet de relater la première nidification réussi de l’Elanion blanc en France, à ce jour également la plus septentrionale d’Europe.

Le paysage, le nid et les conditions d’observation

Nous sommes ici sur un plateau argileux à l’altitude de 70 m, qui domine la plaine du Gave et constitue le seuil du piémont pyrénéen occidental. Au sud, Les montagnes basques barrent l’horizon, au nord commencent les landes de Gascogne. La transition est symbolisée par un grand chêne pédonculé (Quercus ruber)  voisinant avec un bosquet clairsemé de pins maritimes (Pinus pinaster). La végétation naturelle sur ce plateau est la lande de genêts, d’ajoncs nains (Ulex minor) et de molinie (Molinia caerulea), dont la faible pente lui a valu son nom béarnais de Laneplaa. Il n’en reste cependant que des lambeaux épart au sein d’une mer de maïs…. En effet, cette monoculture réussit trop bien sur la couche de terre noire visible au-dessus de l’argile sur le bord des fossés de drainage ; l’expansion du maïs continue aux dépens de la lande originelle, réduite ici à une zone d’environ 2 km 2. C’est en sommes un paysage de plus en plus banalisé, dont la monotonie n’est rompue que par l’émergence de quelques pins et des prairies steppiques où pâturent encore des vaches.
Le territoire de chasse des Elanions blancs comprend essentiellement ces pâtures ouverts et les chemins agricoles dans un rayon de moins de 1000 m autour du site de nidification.
L’aire de ce couple est construite sur la cime fourchue d’un pin maritime à près de 8 m du sol. Vue d’en haut (car nous ne l’avons pas visitée) elle paraît avoir environ 50 cm de diamètre et se composer de branchettes assez fines, parmi lesquelles on aperçoit des brins d’herbe. Autour de l’arbre s’élèvent quelques autres pins clairsemés, pas bien hauts non plus ; un peu à l’écart s’en dresse un plus grand qui domine la parcelle de lande d’une quinzaine de mètres et sert de perchoir habituel pour les adultes, - c’est à son pied que nous avons ramassé les pelotes.

Notre affût d’observation se dissimule dans la lisière d’un champ de maïs, à 180 m de l’aire. De là, nous pouvons sans les inquiéter voie les adultes ai nid et sur leurs postes de repos. En revanche, les activités de chasse ne sont pas visibles. Au total, nos observations ont duré 181 heures, réparties sur 32 jours. Elles se sont concentrées avant tout sur les soirées, moins souvent sur les matinées ou sur la journée entière, - ceci selon nos possibilités partagées entre plusieurs personnes, mais aussi en raison des chaleurs torrides de cet été 1990. 


Exposé chronologique des observations de 1990

22 février, Les deux adultes sont vus pour la première fois par Serge Pommies (6), Le couple est encore noté là le 24 mars, le 13 avril  (les deux oiseaux séparés d’un kilomètre) et le 4 mai, sans qu’une activité nuptiale ne soit remarquée.
6 et 7 juin (de 10 à 20 h). Plusieurs accouplements par jour, transport de matériaux dans un pin : la nidification s’annonce !
12 juin (de Pascal Misiek). La femelle (supposée) se pose régulièrement sur l’aire, semble piétiner le fond, s’y couche aussi en écartant les ailes et avec précaution, comme s’il y avait un œuf. Le mâle y vient une fois mais se tient debout, puis va s’accoupler sur sa compagne, sur un autre pin.
13 juin (idem). « Dès mon arrivée à 15 h, la femelle occupe l’aire et change trois fois de position. Le mâle y vient quatre fois avec des branchettes ou une proie. Entre-temps, elle quitte le nid, mais dès qu’il arrive c’est la copulation et l’offrande de nourriture ».
1 juillet (11 à 20 h). La femelle couve. Nous pensons qu’elle a dù pondre autour du 25 ou 27 juin. Le mâle chasse dans les prairies vers 18 h 30 et apporte une proie directement à la couveuse. 
7 juillet (16 à 20 h). Le mâle chasse. Aucune offrande n’est constatée ce jour-là.
14, 15 et 19 juillet. Couvaison en cours. Le mâle nourrit dans la soirée, après avoir chassé vers 18 h avec de longs arrêts.
22 juillet (10 à 22h). Une ou plusieurs éclosions ? La femelle a changé de comportement : elle se lève, semble nourrir, couve avec précaution, regarde fréquemment le fond de l’aire, se pose sur son bord ou très près de celui-ci.
27 juillet (10 à 22 h). Nous apercevons trois poussins en duvet ivoire à beige ; la femelle les nourrit.
1eraoût (18 à 20 h). Entre le plus grand et le plus petit des poussins, la différence de taille est très perceptible. Des plumes sortent déjà des fourreaux : grandes couvertures sombres bordées de blanc. Le cadet a le bec bien noir, la cire claire, l’œil brun ; le sourcil bien fourni assombrit la paupière. Ce soir là, le premier nourrissage est observé à 21 h 30, juste avant le coucher du soleil : un micro-mammifère à longue queue (mulot ?).
3 août (18 à 22 h), (de Marie-Claude Mahieux et Georges Holin). Lors d’un nourrissage, quatre poussins sont observés.
10 août (18 à 20 h). Les quatre jeunes sont confirmés ; le plus grand bat déjà des ailes et ils crient, ce qui semble stimuler les nourrissages qui se suivent rapidement : 20 h 25,,,, 20 h 30 …. 20 h 50…. 20 h 52….. 20 h 54…, puis plus rien jusqu’à celui de 21 h 05. « Une telle fréquence est rare chez les rapaces » nous dit Jean-François Terrasse, en visite. En tout six proies : 2 rongeurs sans queue et quatre non identifiées. 
11 août (9 h 30 à 21 h 30). Premiers nourrissages vers 10 h 15…. 10 h 40….. 11 h… Lors des deux premiers, le mâle qui a chassé donne la proie à sa compagne, qui l’apporte aux jeunes, Echanges de cris entre les partenaires, mais aussi entre jeunes et adultes. Pendant plus de sept heures, de 11 h à 18 h 15, les jeunes s’agitent, mais rien ne se passe. L’attente est pénible par une chaleur de 35°C sans vent…. Dès 18 h 50, un adulte se perche sur « son » pin après avoir survolé l’aire, puis les nourrissages reprennent : 19 h 04…. 19 h 40…. 19 h 58…. Le cadet de la nichée arrive à bien se nourrir, bien que sa taille soit identique à celle qu’avait l’aîné dix jours plus tôt, le 1eraoût.
12 août (15 à 22 h). Début des nourrissages à 16 h 42 par ciel couvert, mais un vent fort se lève et les interrompt jusqu’à 18 h 58 ; d’ailleurs les adultes ont délaissé leurs postes habituels à la cime des pins. 
14 août (18 à 22 h). Un orage a éclaté la veille au soir. Sur l’aire ne restent que trois jeunes : 1er, 2e et 4e par ordre de naissance. Cinq Pies (Pica pica) se sont posées autour du nid, que l’une d’elles paraît regarder avec intérêt. Les adultes les intimident en venant tout près ou en les chassant au vol. 
15 août (8 à 22 h). Trois jeunes visibles jusqu’à 11 h, avant qu’ils ne somnolent. A 16 h 45, 1er et 2e sont hors du nid, sur une branche qui le porte. A 19 h 45, l’ainé vole sur l’aire pour la première fois, âgé d’au moins d’au moins 25 jours. Qu’est devenu le n°3 ? A 20 h, je me décide à explorer le site au –dessous de l’aire, fort à propos car je découvre l’oiseau encore vivant, à terre au fond des ajoncs….. Le remettre au nid, c’est prendre le risque d’effrayer les autres, qui iraient se perdre dans les maïs déjà très hauts et denses entourant la parcelle. Mieux vaut le placer au centre de soins en attendant qu’il puisse voler et nous le rapporterons alors sur le site.
16 août (15 à 22 h). Après avoir nourri cet oiseau avec des foies de volaille et des cous de poulet, je le transfère donc, au centre U.N.C.S. (Union nationale des centres de soins). A mon retour sur les lieux, l’ainé des jeunes vole toujours sur place ou change de perchoir en voletant au dessus de l’aire. Le 2e bat des ailes sur le nid et le cadet encore peu ou pas emplumé semble vigoureux. A mesure que les juvéniles avancent en âge, le roux de la poitrine disparaît et le gris de la calotte d’éclaircit.
17 août (18 à 22 h). Présentation du site aux gardes de l’O.N.C., afin que leur information prévienne des « bavures » à l’ouverture de la chasse le 10 septembre. En soirée quatre nourrissages : 20 h 40…. 21 h 05…. 21 h 15…. 21 h 25…. ; soit une proie avec queue et trois sans, toujours des micro-mammifères.
18 août (9 à 20 h). Quoique à l’affût depuis 9 h, nous ne constatons aucun apport de nourriture avant 19 h. Le cadet est servi en priorité, les deux autres volent sur place ensemble en se soulevant du perchoir.
20 août (15 à 21 h). L’ainé s’élève face au vent, les ailes déployées écartées de 120° environ, sans battements. A 18 h précises, il part et Georges Holin le perd de vue, mais il revient à 20 h sur l’aire, où le cadet reste couché, tandis que le 2e bat des ailes sur une branche. A noter que cette première excursion aérienne, à l’âge de 29 à 31 jours, n’a suivi aucune incitation manifeste de la part des adultes. D’ailleurs il n’y a pas eu de nourrissage entre 16 h 30 et 20 h.
22 août (17 à 21 h 30). Rien ne se passe comme l’avant-veille. Le cadet est nourri à 18 h, puis le 2e prend son essor à 19 h 40, mais cette fois il a été stimulé par un parent qui a volé en cercles autour de lui ; auparavant, il n’a pas déployé ses ailes. A 20 h un nourrissage fait revenir les deux jeunes qui s’étaient éloignés, mais c’est le cadet qui s’empare de la proie, puis sort du nid et grimpe sur les branches. Un adulte provoque l’envol de ses deux compagnons perchés sur un pin, en les frôlant au passage.
27 août (18 à 21 h). Les deux jeunes volants se posent ensemble sur une branche sèche et joutent bec contre bec.
29 août (16 à 21 h). C’est aujourd’hui le retour du 3e, le rescapé remis en forme au rythme d’un poussin de poule par jour. Bagué (EAI 5491) au tarse droit, il est amené en vue de l’aire natale, jaillit de son carton comme propulsé par un ressort et se dirige droit vers les pins. A 20 h 30, les quatre jeunes Elanions sont réunis : un succès total !
30-31 août (18 à 21 h et 15 à 21 h). Le jeune bagué stationne sur le nid, où il est bousculé lors du nourrissage par le 2e qui s’empare de la proie apportée. Le cadet reste calme, mais s’envole à 20 h pour la première fois et se pose maladroitement sur un pin distant d’une centaine de mètres
3 septembre (15 à 20 h). seul le cadet retourne encore à l’aire. Pour nous, la fin des vacances est aussi celle de nos observations : nous ne pourrons pas suivre la phase finale de l’élevage des jeunes Elanions blancs.


Aperçu sur l’alimentation du couple et des jeunes


Les Elanions blanc chassaient et apportaient des proies tôt le matin et tard en soirée, au maximum pendant 5 heures après le lever du soleil et autant avant son coucher. En principe, les adultes étaient inactifs pendant les heures chaudes en milieu de journée, probablement parce que les chances de repérer des proies étaient alors à peu près nulles. Leur mode de chasse, classique pour l’espèce (3,4), consistait essentiellement en affûts aériens en vol sur place, comme chez le faucon crécerelle, suivis de chutes en piqué jusqu’au sol, en relevant les ailes à la verticale.  
Les observations à distance ne permettaient pas d’identifier les proies avec certitude, sinon que c’étaient des micro-mammifères, Certains soirs d’août, le rythme très rapide des apports à l’aire prouvait l’efficacité de la chasse et une bonne disponibilité de proies sur les près et chemins des alentours immédiats. Les pelotes de réjection récoltées au-dessous des reposoirs après l’envol des jeunes ont été examinées par Paul Géroudet et analysées aimablement par Stéphane Aubry, sous la direction du professeur Claude Mermod, à l’Institut de Zoologie de l’Université de Neuchatel. La détermination au microscope s’est basée sur Debrot, Fivaz, Mermod & Weber (1982) : Atlas des poils de mammifères d’Europe. Ed. institut de Zoologie, Neuchâtel.
L’aspect des pelotes d’Elanion blanc est parfaitement résumé dans le Hand-buch der Vögel Mitteleuropas de Glutz von Blotzheim, Bauer & Bezzel (Wiesbaden 1971) : « pelotes lâches, riches en poils et os, rappelant celles des chouettes ». Les 39 boulettes étaient pour la plupart de forme ovoïde courte avec 30 x 20 mm de dimension moyenne ; quelques-unes plus allongées atteignaient au maximum 50 mm de longueur, la plus petite mesurait 24 x 16 mm ; à l’état sec, le poids moyen était de 1,23 g (n : 19). Sur ces 39 pelotes, 22 ne contenaient qu’une proie, 14 en avait deux et 3 en comprenaient trois différentes ; aucune ne présentait 2 ou 3 espèces identiques. La récapitulation des 59 proies est la suivante : 
Microtus arvalis    18
Microtus sp           18
Apodemus sp          6
Crocidura sp           9
Passereau sp          5
Oiseau sp               3
Soit 36 Campagnols  =    61%
          6 Mulots         =    10%
          9 Musaraignes =   15%
Soit    8 Oiseaux       = 13,5%

Ce bilan reflète la banalité du milieu en grande partie cultivé et des habitudes d’un petit prédateur chasseur de proies terrestres, mais capturant à l’occasion de petits oiseaux. Les vestiges de plumes de ces derniers étaient trop altérés pour permettre une détermination plus précise (P.G.)


Les antécédents de l’Elanion blanc en France

Ce petit rapace, que l’on pensait jadis confiné en Afrique, est entré il y a 160 ans dans l’avifaune de France au titre de visiteur accidentel. En 1830, il fut capturé en mai près de Nimes (Gard) et le même mois près de Cassel (Nord) ; un troisième fut tiré le 1er septembre 1841 à Dieppe (Seine Maritime). Un mâle adulte tué dans la plaine de Gennevillers près de Paris est signalé en 1884 par Cretté de Palluel, mentionne Mayaud (Commentaires sur l’ornithologie française, Alauda IX : 72-73, 1939). Ce dernier estime douteuses des captures à la fin du XIXe siècle en Côte-d’Or, ainsi que l’origine d’un spécimen prétendu provenir des Vosges.
Une nouvelle apparition est observée le 17 avril 1973 en Crau (Bouches-du-Rhône) par Lachat & Gerber (Nos oiseaux 32 : 202, 1974) ; puis le 18 avril 1979 près de Villars-les-Dombes (Ain) par C. Guex (Le Bièvre 2 : 187-188, 1980). De 1983 à 1986, L’Elanion blanc se montre en Aquitaine (Landes et Pyrénées-Atlantiques), comme précisé en tête de cet article ; ces observations annuelles mais intermittentes donnent de fortes présomptions de nidification. Après un hiatus de trois ans, la reproduction est confirmée en 1990 dans cette région.
Ailleurs, l’homologation du C.H.N. est accordée pour un Elanion le 13 mai 1985 en Crau, (Bouches-du-Rhône), dans la même localité qu’en 1973…. (B. Georges, G. Griffiths et al.) ;… un du 15 août au 23 octobre 1985, sur un site non précisé du lLot-et-Garonne (J-M. Delmas) ;…. un migrateur le 9 août 1988 à Lindux, Pyrénées-Atlantiques (F. Dupuy) ;….. un migrateur le 24 octobre 1989 à Eyne, Pyrénées-Orientales 1. En 1990, le C.H.N. homologue l’oiseau du 7 février à Pougny, Ain, observé par J.R. Berthoud & Ch. Stern (Nos oiseaux 40 : 479, 1990).
En outre, trois autres apparitions inédites restent à examiner par le C.H.N. : 15 avril à l’étang de St-Nazaire, Pyrénées-Orientales, et le 15 avril aussi à Leucate, Aude (est-ce le même individu ?) ; 1er juillet 1990 à Bournazel, Aveyron (communication de Ph-J. Dubois).
Ces données concernent des sujets isolés, décrits comme « adultes ». En fait, l’âge n’est guère identifiable à distance et, après la mue postjuvénile complète au cours du premier hiver, tous les Elanions blancs ont un aspect identique. On ne sait rien de leur maturité sexuelle…. (P.G.)


Discussion et conclusion

Cette série de faits étalée sur dix-sept ans, avec une accélération marquée depuis 1983, suggère une expansion de provenance ibérique qui prolonge logiquement le mouvement expansif connu en Espagne 7. La localisation de la plupart des cas dans les zones méridionales de France et singulièrement en Aquitaine accentue cette évidence.
Le climat de la région la plus favorisée par l’Elanion blanc paraît bien convenir à l’espèce. Des données météorologiques relevées dans la station la plus proche du site de nidification, nous avons extrait les caractéristiques suivantes :
La température moyenne annuelle est de 13,1°C pour les années 1966 à 1989 ; pour les quatre ans de 1986 à 1989 elle s’est élevée à 13,5°.
La moyenne de température de mai à août est de 18,6° pour 1986 à 1990 ; celle de janvier + février (hiver) est de 7,5° pour 1986 à 1990 (cette dernière année offrant même une moyenne de février exceptionnelle avec 12,4°).
Les précipitations totalisent 1388 mm en moyenne annuelle 1964-1989, relativement abondantes d’octobre à mai ; elles ont été de 990 mm en 1989, mais fort en-dessous de la moyenne en juillet et août 1990.
Dans l’ensemble, le climat local est donc assez chaud et pluvieux, tendant comme partout à devenir plus chaud et plus sec en été ces dernières années. L’hiver doux, quasi dépourvu de gel et de neige, semble également favorable à la sédentarisation de l’Elanion blanc en Aquitaine.
En guise de conclusion, relevons qu’un couple d’Elanion, étroitement cantonné sur environ 4 km2, passe aisément inaperçu dans une région médiocrement séduisante pour les ornithologues. Le hasard y a fait découvrir l’espèce en 1983. mais on peut à bon droit se demander si elle n’était pas déjà présente auparavant… il suffit aussi qu’un territoire soit abandonné au profit d’un autre site éloigné disparu. L’éventualité d’autres couples, nicheurs ou non, ne peut être exclue en Aquitaine, ni ailleurs : bonne chance aux explorateurs ! 


Remerciements

Suivre cette nidification n’aurait pas été possible sans l’aide précieuse de membres de l’association « Regardez vivre les oiseaux ». Je remercie particulièrement Marie-Claude Mahieux dont l’œil perçant a décelé les quatre poussins ui nid, Jo Duplaa pour sa collaboration et ses nombreuses observations, M et Mme Georges Holin qui n’ont pas craint les longues attentes…. Mais aussi tous ceux et toutes celles qui m’ont accompagné et surtout ma femme Christine : sa patience de longue haleine et son travail de frappe méritent bien que je lui dédie cette étude.
Ma reconnaissance s’adresse également à Jean-François Terrasse (F.I.R.) pour sa visite, ses analyses et ses conseils ; à Jacques Godard du centre U.N.C.S. qui a soigné le jeune Elanion tombé de l’aire ; à Pascal Misiek qui m’a confié ses notes ; à J.Y. Frémont et Y. Bertault du C.H.N. ; au gardes d l’O.N.C. qui ont informé les chasseurs et Last but not least au propriétaire des lieux, président de l’A.C.C.A. locale. 
Les données météorologiques locales ont été fournies par la Météorologie Nationale (Pyrénées-Atlantiques). L’analyse des pelotes est due à Stéphane Aubry sous la direction du Dr Claude Mermod (Institut de Zoologie, Neuchâtel), grâce à Paul Géroudet, dont les encouragements, les informations, la peine qu’il a prise à mettre au point le manuscrit et à le documenter ont contribué de façon décisive à cette publication ; il est d’ailleurs responsable des chapitres sur l’alimentation et sur les apparitions hors Aquitaine, Ma gratutude s’adresse encore à Pierre Petit et à Willy Suetens pour avoir gracieusement mis à disposition leurs superbes photographies. 


Bibliographie

  1. Boutet, J.Y. & Petit P. (1984) : Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine, C.R.O.A.P., Bordeaux.
  2. Dubois, P.J. & Yésou P. (1986) : Inventaire des espèces d’oiseaux occasionnelles en France.
  3. Gensbol B. (1984) : Guide des Rapaces diurnes d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Delachaux & Niestlé, Neuchatel-Paris.
  4. Géroudet P. (1965) : Les Rapaces diurnes et nocturnes d’Europe. Delachaux & Niestlé, Neuchâtel-Paris.
  5. Papacotsia A. & Petit P. (1984). Présence d’un couple d’Elanions blancs en Aquitaine. Le Courbageot, N°10 : 19-20.
  6. Pommies S. (1990) : L’Elanion blanc (Elanus caeruleus) dans les Pyrénées-Atlantiques. La Bergeronnette (à paraître).
  7. Suetens W. (1989) : Les rapaces diurnes d’Europe. Ed. du Perron, Liège.

Andréas Guyot, 7, rue Jules-Verne, F-64000 Pau.
Nos oiseaux, 40 : 8. 465-477 (1990)

dimanche 2 décembre 1990

Comportement étrange d'hirondelle de cheminée (Hirundo rustica)

Le 25 juin 1989, dans le village de Tarsacq, proche de la saligue, j'ai été intrigué par le comportement d'un mâle d'hirondelle de cheminée.
Sur le bord de la route il y avait une femelle d'hirondelle de cheminée morte avec un petit escargot dans le bec. Pendant 30 minutes le mâle est resté auprès d'elle et a essayé de tenter l'accouplement plusieurs fois. J'ai ensuite retourné l'hirondelle sur le dos et celui-ci a volé au-dessus sans se poser.

Je l'ai donc remis sur le ventre et à nouveau, il s'est posé près d'elle et a tenté d'autres accouplements. Un juvénile est venu se poser à coté sans que rien d'agressif ne se passe entre le mâle et lui. Un autre mâle est venu tenter un accouplement, une chamaille s'en est suivie entre eux, ce qui a fait fuir le juvénile. Puis, le mâle est revenu à côté.
  
Analyse

Pendant tout le temps, j'étais dans ma voiture, elle me servait d'affût. Lorsque j'ai retourné l'hirondelle sur le dos, j'ai repris la même position et j'ai attendu 15 minutes. Dans ma deuxième opération, lorsque je l'ai remis sur le ventre, aussitôt après il s'est à nouveau posé.

Donc il y a corrélation avec la position de celle-ci. Il y aurait manifestement une reconnaissance entre les couples sans que les cris interviennent pour cela.
De toute évidence, il m'a semblé qu'il s'agissait du couple par l'attitude du comportement du mâle envers le juvénile et du juvénile envers la femelle morte.
Je suis resté une heure pour observer ce comportement étrange. Il serait intéressant de savoir si d'autres observations analogues ont pu être faites. 

Andréas Guyot. La Bergeronnette quatrième trimestre 1990 N°4. Page 17-18